Syrie : « Le peuple syrien étouffe »… La colère gronde dans les rues contre Bachar al-Assad et la vie chère

protestations En Syrie, les conditions de vie se détériorent fortement après des années d’inflation, de chômage et « d’épuisement général de la population »

N.T. avec AFP
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Une photo distribuée par le site d’information Suwayda 24 montre un slogan lancé par un manifestant qui dit en arabe : « Quand les gens ont faim, ils mangent leurs dirigeants, ils ne mangent pas de pierres » lors d’une manifestation contre des conditions de vie désastreuses dans la ville de Sweida, dans le sud de la Syrie, le 23 août 2023.
Une photo distribuée par le site d’information Suwayda 24 montre un slogan lancé par un manifestant qui dit en arabe : « Quand les gens ont faim, ils mangent leurs dirigeants, ils ne mangent pas de pierres » lors d’une manifestation contre des conditions de vie désastreuses dans la ville de Sweida, dans le sud de la Syrie, le 23 août 2023. — Suwayda 24 / AFP

« Longue vie à la Syrie et à bas Bachar al-Assad ». Tel est un des nombreux slogans hostiles au régime autoritaire scandés lors des dernières manifestations dans une des provinces du sud de la Syrie. Ces derniers jours, des centaines de Syriens ont manifesté au sud de la Syrie contre la détérioration des conditions de vie et l’hyperinflation que connaît en ce moment le pays. A Soueida, dans le sud de la Syrie sous contrôle du régime de Bachar al-Assad, la colère gronde.

Comme on peut le lire dans un article de la BBC, c’est la première fois que des manifestants scandent de tels slogans anti-Assad. Un affront direct au chef de l’Etat. Ces manifestations ont eu lieu depuis que le gouvernement a levé la semaine dernière les subventions sur les carburants, portant un nouveau coup dur à une population déjà éprouvée par douze ans de guerre.

Cri de désespoir

« Le peuple syrien étouffe », a déclaré à l’AFP un militant de Soueida sous couvert d’anonymat par crainte de représailles, ajoutant que des centaines de manifestants s’étaient rassemblés sans que les forces de sécurité ne les répriment. « Mon seul espoir est que ce mouvement s’étende […] et fasse entendre notre voix », a-t-il ajouté. Un autre manifestant a lui demandé que « tout le monde descende dans la rue à travers la Syrie », rapporte la BBC. « Nous sommes ici contre la pauvreté et l’humiliation. […] Tout le monde devrait être dehors pour protester. »

Des manifestations récurrentes s’y sont déroulées et en décembre, un manifestant et un policier ont été tués dans la province lorsque les forces de sécurité ont réprimé une manifestation. « Un membre des forces de sécurité m’a dit : ''j’aimerais pouvoir vous rejoindre […], je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille'' », a relaté le témoin de Soueida.

« Une mafia »

Samedi, des dizaines de personnes avaient également manifesté dans la province voisine de Deraa, certaines arborant le drapeau de l’opposition et réclamant le départ d’Assad, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie. D’autres manifestations avaient également eu lieu dimanche soir, a raconté un autre militant à l’AFP, sous couvert d’anonymat.

La levée des subventions sur les carburants intervient alors que plus de 90 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté, selon l’ONU. Le mécontentement face à la cherté de la vie s’est brièvement propagé à la banlieue de Damas, où des habitants ont manifesté ces derniers jours contre les coupures d’électricité chroniques, selon un témoin.

La hausse des prix du carburant survient après des années d’inflation, de chômage et « d’épuisement général de la population », selon Jihad Yazigi, directeur du site économique en ligne The Syria Report. « Le régime, qui fonctionne quasiment comme une mafia, est incapable de proposer des solutions à long terme », a-t-il déclaré à l’AFP. S’il est difficile de prédire jusqu’où s’étendra le mouvement, « la clé sera de regarder ce qui se passe dans les zones loyalistes et à Damas », selon lui.