Soudan : Le chef de l’armée fait porter la responsabilité de la guerre sur l’émissaire de l’ONU et réclame son limogeage

ACCUSATIONS Le secrétaire général des Nations unies et Washington ont réaffirmé leur soutien à Volker Perthes

20 Minutes avec AFP
Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise, à Khartoum le 5 décembre 2022.
Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise, à Khartoum le 5 décembre 2022. — Marwan Ali/AP

Au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane a trouvé un bouc émissaire. Le chef de l’armée réclame en effet le limogeage de l’émissaire de l’ONU, Volker Perthes, lui faisant porter la responsabilité de la guerre qui a éclaté il y a six semaines avec les paramilitaires et fait plus de 1.800 morts, selon l’ONG ACLED, et, selon l’ONU, plus d’un million de déplacés et de 300.000 réfugiés.

Dans une lettre adressée à l’ONU, le général Burhane accuse Volker Perthes d’avoir « dissimulé » dans ses rapports aux Nations unies la situation explosive à Khartoum. Sans ces « mensonges », le général Mohamed Hamdane « Daglo (patron des paramilitaires) n’aurait pas lancé ses opérations militaires ». L’émissaire de l’ONU au Soudan, accuse encore la lettre, n’a respecté ni son devoir d'« impartialité » ni la « souveraineté nationale », devenant « une partie et non plus un médiateur ».

Guterres « choqué » par la demande de al-Burhane

Le secrétaire general des Nations unies Antonio Guterres s’est dit « choqué », témoignant « son entière confiance » à son émissaire. Le Département d’Etat américain a également témoigné de son « soutien résolu » et de sa « confiance » à Volker Perthes et exprimé son « inquiétude » face au courrier adressé aux Nations unies.

Le 15 avril, le jour où le chef de l’armée et le patron des paramilitaires ont débuté les hostilités, ils étaient censés se retrouver pour des négociations. Depuis des semaines, la communauté internationale, ONU en tête, réclamait qu’ils s’accordent sur l’intégration des Forces de soutien rapide (FSR) du général Daglo à l’armée. Alors que de nombreux observateurs prédisaient un échec des discussions, l’émissaire de l’ONU au Soudan proclamait son « optimisme ». Le jour où a éclaté la guerre, il a admis avoir été « pris par surprise ».

Volker Perthes, récemment parti pour New York, « pourrait ne pas pouvoir revenir au Soudan et le savait sûrement en partant », assure la chercheuse Kholood Khair. Pour elle, le poids des islamistes dans le camp de Burhane ne cesse d’augmenter et l’octroi ou non du visa d’entrée à Volker Perthes « sera un test décisif pour jauger » leur résurgence.

Le camp de l’armée semble toutefois divisé : au moment où le général Burhane réclamait le limogeage de Volker Perthes, son nouveau numéro deux, l’ex-chef rebelle Malik Agar, discutait d’une sortie de crise avec l’émissaire onusien.