Guerre en Ukraine : En livrant des chars de conception occidentale, Paris délivre une aide inédite
conflit Retrouvez les informations sur la guerre en Ukraine en ce mercredi 4 janvier 2023
L’ESSENTIEL
- La frappe ukrainienne sur Makiïvka la nuit du Nouvel An a fait 89 morts, a annoncé ce mercredi la Russie, où des rassemblements à la mémoire des soldats tués ont donné lieu à de rares manifestations publiques de colère et de tristesse. Il s’agit du plus lourd bilan en une seule attaque admis par Moscou depuis le début de l’offensive. Vladimir Poutine n’a pas encore réagi publiquement.
- L’état-major ukrainien a confirmé lundi avoir mené cette frappe. Le ministère de la Défense à Moscou a pour sa part fait état de l’explosion de « quatre missiles ». Selon cette source, ils ont été tirés par des systèmes HIMARS, une arme fournie par les Etats-Unis aux forces ukrainiennes et qui ont frappé « un centre de déploiement provisoire » de l’armée.
- L’annonce de cette frappe intervient après un Nouvel An marqué par des bombardements russes sur Kiev et d’autres villes samedi, dimanche et lundi, qui ont fait cinq morts et des dizaines de blessés.
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Les alliés européens de l’Ukraine ont déjà livré des chars de conception soviétique, mais jamais encore de chars de facture occidentale, malgré les demandes répétées de Kiev. L’Elysée vient donc de fournir un soutien inédit à l’armée ukrainienne.
L’Allemagne notamment rechigne à livrer des chars de combat Leopard-2. Paris, de son côté, n’a pour l’heure pas l’intention de fournir à Kiev ses chars lourds Leclerc de 56 tonnes dotés d’un canon d’une portée de 4.000 mètres, dont l’armée de Terre française possède 200 exemplaires. Mais la France en a déployé treize en Roumanie, pour renforcer la frontière orientale de l’OTAN.
Ces chars de combat légers vont être envoyés par la France en Ukraine. L’Elysée n’a pas précisé les modalités de la livraison ni le nombre de chars à destination du front ukrainien.
« J’ai eu une conversation longue et détaillée avec le président français Emmanuel Macron sur la situation actuelle, et je l’ai remercié pour la décision de transférer des chars légers et des APC Bastion à l’Ukraine, ainsi que pour l’intensification du travail avec les partenaires dans la même direction », a tweeté le président ukrainien.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky que la France livrerait à l’Ukraine des « chars de combat légers », a-t-on appris auprès de l’Elysée.
« Le président a souhaité amplifier cette aide » militaire déjà apportée à Kiev « en acceptant de livrer des chars de combat légers AMX-10 RC », a dit la présidence française. « C’est la première fois que des chars de conception occidentale sont fournis aux forces armées ukrainiennes », a-t-elle précisé à l’issue d’un coup de téléphone d’une heure entre les deux dirigeants.
« Kiev est le phare urbain du courage et de la résilience menant une nation défiante contre un agresseur meurtrier. Elle est, comme le reste de l’Ukraine, un lieu de courage inépuisable », selon le classement de l’agence Resonance, rapporte The Kyiv Independent.
De nombreux Russes demandent sur les réseaux sociaux une enquête transparente sur les circonstances de la frappe à Makiïvka, dans l’est de l’Ukraine, qui a tué au moins 89 soldats russes. « Ils vont faire traîner ça et dans le pire des cas, ils mettront ça sur le dos de quelqu’un », craint ainsi Valeri Boutorine sur le réseau VK.
« Ce ne sont pas les téléphones portables et leurs propriétaires qui sont à blâmer, mais la négligence banale des commandants, qui, j’en suis sûr, n’ont même pas essayé de réinstaller le personnel » hors du bâtiment, a fustigé le groupe « Notes d’un vétéran » sur Telegram, qui rassemble 200.000 abonnés.
Selon l’armée russe, cette attaque a été menée à l’aide de systèmes lance-missiles Himars, une arme fournie par les Etats-Unis à l’Ukraine, qui permet de frapper loin derrière les lignes ennemies. Selon le ministère britannique de la Défense, compte tenu de la destruction du bâtiment à Makiïvka, « il existe une possibilité réaliste que des munitions étaient stockées à proximité des logements des troupes ».
Dans une interview relayée par Nexta, le chef du service du renseignement ukrainien affirme que « Poutine est gravement malade et va bientôt mourir » et que « la guerre doit être terminée avant sa mort ». Il explique également que « l’armement de la Russie est épuisé ce qui l’oblige à utiliser des solutions moins coûteuses comme les drones iraniens ».
Des dizaines voire des centaines de soldats russes ont payé de leur vie l’usage de leur téléphone portable en Ukraine, témoignage à la fois de la faiblesse technologique de l’armée russe et de sa criante indiscipline.
« L’usage de téléphones portables est extrêmement dangereux sur le champ de bataille et vaut rarement le risque », surtout en Ukraine où le gouvernement sait parfaitement « ce qui se passe sur son réseau domestique de télécommunications », explique à l’AFP Joseph Shelzi, chercheur au Soufan Center, à New-York.
La frappe ukrainienne sur Makiïvka, la nuit du Nouvel An, a fait 89 morts selon Moscou. « Il est déjà évident que la cause principale (…) est l’allumage et l’utilisation massive par le personnel de téléphones portables à portée des armes ennemies, contrairement à l’interdiction », a admis, dépité, le général russe Sergueï Sevrioukov.
Le président russe Vladimir Poutine a assisté en visioconférence mercredi au lancement en mission d’un navire de guerre équipé de nouveaux missiles de croisière hypersoniques, dans l’Atlantique, l’Océan Indien et en Méditerranée.
« Je suis sûr que des armes aussi puissantes vont permettre de protéger efficacement la Russie des menaces extérieures et aideront à défendre les intérêts nationaux », a déclaré le chef d’Etat lors de cette cérémonie, à laquelle il assistait avec le ministre de la Défense Sergueï Choïgou depuis un lieu non précisé, selon les agences russes.
L’ancien chef de l’agence spatiale russe Roscosmos, Dmitri Rogozine, a annoncé mercredi avoir envoyé à Emmanuel Macron le bout de shrapnel qui l’a blessé en Ukraine, tiré selon lui depuis un canon français Caesar fourni à Kiev.
Dmitri Rogozine, qui dirige actuellement un groupe de conseillers militaires apportant une assistance aux forces séparatistes en Ukraine, avait été blessé au dos en décembre lors d’une frappe ukrainienne sur un hôtel de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine sous contrôle russe, qui avait fait plusieurs morts et blessés. Il avait indiqué après la frappe avoir été opéré à l’hôpital car un morceau d’obus s’était logé au-dessus de son omoplate droite.
« Dans cette enveloppe, avec ma lettre, vous verrez un fragment d’obus d’une pièce d’artillerie française de 155 mm Caesar », a déclaré Dmitri Rogozine dans cette lettre ouverte publiée sur Telegram. « Il a perforé mon épaule droite et s’est logé dans la cinquième vertèbre cervicale, à un millimètre seulement de différence et il aurait pu me tuer ou de me rendre invalide », a-t-il écrit.
Dans une interview accordée à France Info, Daria Gerasymchuk, conseillère chargée des Droits de l’enfant auprès du président Volodymyr Zelensky, alerte sur la disparition d’innombrables mineurs ukrainiens transférés de force dans le pays voisin. « La Russie ne se contente pas de tuer ou de blesser nos enfants. Elle les enlève pour les déporter », affirme-t-elle. Le Bureau national d’information ukrainien recense près de 14.000 mineurs déportés.
A Kiev, un garage automobile donne une deuxième vie à des véhicules déglingués pour les envoyer sur le front et assurer un approvisionnement suffisant à l’armée ukrainienne alors que la guerre perdure. Le garage, auparavant spécialisé dans la réparation de véhicules accidentés, a réorienté son activité après le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février.
Ses mécaniciens passent dorénavant de longues journées sur des pick-ups ou des fourgons que l’armée utilisera pour transporter de l’armement ou des drones de surveillance. « Nous ne sommes pas un pays riche et l’Etat ne peut fournir à tous nos soldats des véhicules blindés à quatre roues motrices, donc les pick-ups offrent un compromis », explique à l’AFP Anton Senenko, l’un des bénévoles chargés de coordonner le travail.
D’après plusieurs médias ukrainiens, le pays dans son entièreté, y compris la Crimée, est en alerte aérienne.
Les dommages causés à l’Ukraine depuis le début du conflit dépassent 700 milliards de dollars, a annoncé le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal, lors d’une réunion du gouvernement ukrainien.
« Avec la Banque mondiale, nous prévoyons de procéder à une nouvelle vérification des besoins de l’Ukraine en matière de redressement rapide. Compte tenu des récentes attaques contre nos infrastructures, ce montant atteint aujourd’hui plus de 700 milliards de dollars », a déclaré le Premier ministre.
Début juin, le montant des dommages était estimé à 350 milliards de dollars.
D’après le média ukrainien Suspilne, les troupes russes ont bombardé la région de Kherson à l’artillerie lourde à plus de 70 reprises en une journée : elles ont touché un chantier naval, un gazoduc et des bâtiments résidentiels. Dans ces raids, deux personnes ont été tuées, cinq ont été blessées.
A 9h40, heure de Kiev, 8h40 en France, de multiples explosions dans la ville de Kherson ont été rapportés par des journalistes de la chaîne de télévision publique Suspilne sur Telegram.
Mardi, le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a annoncé que l’Ukraine se dotera d'une "armée contractuelle forte" après la fin de la guerre en Russie, mettant fin au système actuel de conscription pour le service militaire.
Selon les chiffres cités par le ministre de la défense, Oleksii Reznikov, en juillet, 700.000 hommes ont été mobilisés dans les forces armées ukrainiennes, ainsi que 60.000 dans le service des gardes-frontières, 90.000 dans la garde nationale et 100.000 dans la police.
À la suite de l’attaque du Nouvel An d’une école à Makiïva, servant de base pour des soldats russes néomobilisés, plusieurs hypothèses sont émises sur la raison de l’ampleur des dégâts. Pour le renseignement militaire britannique, « il est tout à fait possible que des munitions aient été stockées à proximité des logements des troupes et qu’elles aient explosé pendant la frappe, créant des explosions secondaires ».
Dans un communiqué quotidien sur Twitter, pour les Britanniques, « cet incident souligne à quel point les pratiques non professionnelles contribuent au taux de pertes élevé de la Russie. »
Sur Telegram, le gouverneur de Sevastopol Mikhail Razvozzhayev a déclaré que deux drones ont été abattus près de l’aéroport de Belbek, après que plusieurs explosions ont été entendues sur place.
Petro Andriushchenko, conseiller du maire de Mariupol, a indiqué que la défense aérienne a été activée à Sébastopol à au moins deux reprises ce mercredi.
Dans un post Telegram, le conseiller sécurité au ministère de l’Intérieur ukrainien et ancien député Pravda Gerashchenko a affirmé que dans les 24 dernières heures, les forces armées ukrainiennes ont détruit deux dépôts de munitions, jusqu’à 10 pièces d’équipement militaire de différents types et️ ont tué et blessé jusqu’à 260 soldats russes dans les régions de Melitopol, Tokmak, Berdyansk, Polohov et Vasilievka.
Dans la nuit de mardi à mercredi, les autorités russes ont annoncé la mort de 89 soldats dans la frappe meurtrière ukrainienne à Makiïvka. « Le nombre de nos camarades morts a atteint 89 », a déclaré le général Sergueï Sevrioukov dans un communiqué vidéo diffusé par le ministère russe de la Défense. De nouveaux corps ont été découverts dans les ruines, a détaillé le cadre militaire.
Pour plus d’informations sur la frappe ukrainienne du Nouvel An sur un bâtiment où étaient regroupés des centaines de soldats russes à Makiïvka, ça se passe ci-dessous :
Mercredi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a échangé téléphoniquement avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l’entame de l’année 2023. « Je lui ai fait savoir que nous ferons en sorte qu’ils aient ce dont ils ont besoin pour l’hiver - et aussi longtemps qu’il le faudra », a déclaré le chef de l’exécutif canadien.
D’après un communiqué du cabinet de Justin Trudeau, les deux dirigeants ont échangé à propos « des derniers développements sur le terrain en Ukraine et ont condamné les attaques continues de la Russie ».
« Le Premier ministre a réitéré l’engagement du Canada à fournir une aide humanitaire, militaire, financière et autre au gouvernement et au peuple de l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, afin de préserver leur avenir libre, démocratique et sûr », explique le cabinet du Premier ministre canadien.
L’ancien président du Parlement russe, Rouslan Khasbulatov, est mort à l’âge de 80 ans, a annoncé mardi la télévision d’Etat. D’origine tchétchène, il est décédé à son domicile dans la banlieue de Moscou.
Après la chute de l’Union soviétique en 1991, Rouslan Khasbulatov, proche allié de Boris Eltsine, a été nommé président du Parlement. Les deux hommes avaient résisté ensemble au coup d’Etat d’août 1991. Mais une rivalité les a rapidement opposés. La lutte pour le pouvoir a culminé avec la révolte d’octobre 1993, lorsque Eltsine a envoyé des chars prendre d’assaut le bâtiment du Parlement. Khasbulatov a alors été brièvement emprisonné.
Il a été amnistié en 1994, mais sa carrière politique était terminée. « Eltsine a essentiellement ruiné ma vie », a déclaré Rouslan Khasbulatov en 2014, au journal Argumenty i Fakty.
« A l’heure actuelle, une commission mène l’enquête sur les circonstances » de l’attaque à Makiïvka, a indiqué mardi soir le général russe Sergueï Sevrioukov dans un message vidéo diffusé par le ministère de la Défense. « Mais il est déjà évident que la cause principale (…) est l’allumage et l’utilisation massive par le personnel de téléphones portables à portée des armes ennemies, contrairement à l’interdiction ». Cela aurait, selon lui, permis de géolocaliser les troupes.
Bonjour à toutes et à tous. Comme chaque jour, la rédaction de 20 Minutes est mobilisée pour vous donner les dernières informations sur le conflit. Ce mercredi 4 janvier, la bataille des chiffres pourrait continuer autour des soldats russes tués à Makiïvka la nuit du Nouvel An. Alors que la colère monte en Russie contre le commandement militaire, Moscou a finalement reconnu mardi soir que la frappe ukrainienne avait fait 89 morts. Toutefois, selon l’ancien commandant séparatiste Igor Strelkov, très au fait de la situation sur le terrain, le nombre de victimes serait de « plusieurs centaines ». D’après la chaîne Telegram « Rybar », l’une des principales sources prorusses sur la guerre, le bâtiment détruit abritait en effet 600 personnes.