Affaire Navalny : Paris dénonce une « dérive autoritaire » après les manifestations, Moscou minimise la répression

REPRESSION Jean-Yves Le Drian s’est exprimé après les violente répression des manifestations de l’opposition en Russie

20 Minutes avec AFP
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Lors des manifestations de samedi en Russie.
Lors des manifestations de samedi en Russie. — Gavriil Grigorov/TASS/Sipa USA/SIPA

Le Kremlin a accusé ce dimanche les Etats-Unis d'« ingérence » dans les affaires intérieures russes, tout en minimisant la portée des manifestations en soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny, qui ont réuni la veille des dizaines de milliers de personnes à travers la Russie. Près de 3.500 manifestants au total ont été arrêtés lors de ces rassemblements qui ont eu lieu samedi dans des dizaines de villes russes, de Moscou à Vladivostok, en Extrême-Orient russe -- une échelle sans précédent ces dernières années --, selon l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations de protestation.

Des dizaines de milliers de personnes à travers la Russie scandant « Navalny, on est avec toi ! », « Liberté pour les prisonniers politiques ! » sont descendues dans la rue à l’appel de cet ennemi juré du Kremlin et pourfendeur de la corruption pour exiger sa libération. Ces manifestations non autorisées ont donné lieu à des arrestations, parfois brutales, et des affrontements entre les protestataires et la police.

Le Kremlin minimise

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a de son côté minimisé la portée des manifestations. « Peu de gens sont sortis, beaucoup de gens votent pour (le président russe Vladimir) Poutine », réélu avec plus de 76 % des voix en 2018, a-t-il souligné, en dénonçant une tentative d'« ébranler la situation » dans le pays. Il a ainsi critiqué la représentation diplomatique américaine qui avait appelé sur son site les Américains à ne pas se rendre à ces rassemblements samedi, tout en précisant les lieux où ils se déroulaient.

Un geste, déjà interprété par la diplomatie russe comme une tentative de promouvoir une « marche contre le Kremlin », que Dimitri Peskov a qualifié ce dimanche d'« ingérence absolue dans nos affaires intérieures ». Selon une porte-parole de l’ambassade américaine à Moscou, de tels avertissements sont diffusés aux citoyens américains dans tous les pays à travers le monde. « C’est une pratique de routine », a-t-elle affirmé.

Le Drian dénonce une « dérive autoritaire »

Les Etats-Unis avaient condamné « fermement l’emploi de méthodes brutales contre les manifestants et les journalistes » lors des manifestations de samedi. L’Union européenne a également condamné la répression des manifestations en Russie, alors qu’Amnesty International a accusé la police d’avoir « battu sans discernement et arrêté arbitrairement » des manifestants. Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a déclaré dimanche que la vague d’arrestations la veille en Russie constituait une « dérive autoritaire » et une atteinte « insupportable » à l’Etat de droit.

Placé en détention provisoire et visé par plusieurs procédures judiciaires, Alexeï Navalny, 44 ans, a été appréhendé le 17 janvier, dès son retour d’Allemagne, après cinq mois de convalescence à la suite d’un empoisonnement présumé dont il accuse le Kremlin. Son appel à manifester a été accompagné d’une enquête vidéo, visionnée plus de 70 millions de fois depuis mardi sur YouTube, dans laquelle il accuse Vladimir Poutine de s’être fait bâtir pour un milliard d’euros une fastueuse demeure privée au bord de la mer Noire. Les autorités rejettent l’ensemble des accusations d’empoisonnement et de corruption.