Israël : La mort en héros d’un soldat gay a fait changer la loi
égalité Le partenaire d’un soldat israélien tué le 7 novembre a réussi à obtenir, pour les concubins de combattants homosexuels décédés, les mêmes droits que les couples mariés
Prévues pour le « mariage », des fleurs de coton ont finalement orné une couronne funéraire. Sagi Golan, un soldat israélien de 30 ans, a été tué dans la nuit du 7 au 8 octobre lors des combats dans le kibboutz de Beeri, deux semaines avant son « mariage » avec son compagnon Omer Ohana, 28 ans. Si le mariage gay n’est pas reconnu en Israël, Omer Ohana a tout de même réussi à obtenir, pour les concubins de soldats homosexuels décédés, les mêmes droits que les couples mariés.
Le 6 novembre, le Parlement israélien, la Knesset, a amendé la mention accordant le soutien de l’Etat aux seuls veufs et veuves de soldats mariés. Désormais, « toutes les personnes qui vivent en concubinage », homos comme hétéros, peuvent accéder à l’allocation de veuvage, résume Yorai Lahav-Hertzanu, un élu du parti centriste Yesh Atid, qui a œuvré à l’adoption de l’amendement. Les concubins d’otages ou de disparus peuvent aussi en bénéficier quel que soit leur genre, selon le député, qui salue « une étape majeure sur la voie de l’égalité ».
« Pas reconnu comme partenaire »
Les deux réservistes vivaient ensemble depuis six ans et avaient prévu de se « marier » le 20 octobre. « C’était plutôt une fête avec une cérémonie », explique Omer, rencontré par l’AFP dans leur appartement de Herzliya, dans le centre du pays, car « les partenaires de même sexe ne peuvent pas se marier en Israël », où seuls les mariages religieux font foi. Un mariage gay contracté à l’étranger peut cependant y être reconnu.
A Beeri, Sagi a été tué après avoir « extrait des familles de leurs abris » et porté secours « à une unité prise sous le feu », raconte Omer entre deux sanglots. Touché à la poitrine, il « était déjà mort » quand son unité a récupéré son corps deux heures plus tard. Dévasté, Omer doit de surcroît affronter des soucis « bureaucratiques ». Un officier « ne m’a pas reconnu comme le partenaire de Sagi », raconte-t-il. Il a demandé des explications à l’armée et le militaire a été sanctionné.
Une bataille pour avoir droit au soutien financier, psychologique et médical
Dans un pays où les minorités sexuelles ont obtenu une visibilité et des droits croissants ces dernières décennies, Sagi et Omer n’avaient « jamais fait l’expérience de la discrimination ». « Mais nous ne sommes toujours pas égaux dans la vie », constate-t-il, amer.
Fin octobre, des médias israéliens ont relayé le fait qu’en plein deuil, le veuf avait dû batailler avec l’administration pour avoir droit au soutien financier, psychologique et médical prévu par la loi. Début novembre, le Knesset lui a donc donné raison. Mais son combat ne s’arrête pas là : il entend désormais militer pour « un ensemble de huit lois » qui, une fois adoptées, « garantiront une égalité absolue en Israël » aux personnes LGBT.
Recevant des « milliers de messages » de soutien, Omer Ohana s’accroche aujourd’hui au « rêve » de Sagi de « devenir père », par le biais d’une gestation pour autrui, autorisée en Israël depuis 2021 pour les couples homosexuels. Le sperme du défunt a été congelé. Sagi n’est plus, mais son amoureux fera tout pour qu’il ait un enfant.