Etats-Unis : Après un vote du Sénat, le « shutdown » évité à trois heures près

SUR LE FIL Pierre d’achoppement entre démocrates et de nombreux républicains, l’aide à l’Ukraine est la grande absente du texte voté in extremis par la Chambre des représentants et le Sénat

20 Minutes avec AFP
Chuck Schumer, chef du groupe démocrate au Sénat, à Washington le 30 septembre 2023.
Chuck Schumer, chef du groupe démocrate au Sénat, à Washington le 30 septembre 2023. — Nathan Howard / GETTY IMAGES NORTH AMERICA

La Maison-Blanche peut pousser un grand ouf de soulagement. Les Etats-Unis ont évité in extremis la paralysie de leur administration fédérale, avec l’adoption par le Sénat, à trois heures seulement du « shutdown », d’une mesure d’urgence permettant de continuer temporairement son financement.

Dans un revirement de dernière minute, la Chambre des représentants a d’abord passé ce texte proposé par le chef de file des républicains à la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, une tentative ultime d’éviter la paralysie. Adopté avec 335 oui (91 non) à la Chambre, il a été ensuite approuvé par 88 sénateurs contre 9, évitant in extremis un « shutdown », qui aurait mis des fonctionnaires au chômage technique et coupé l’aide alimentaire à certains bénéficiaires.

Biden maintient la pression sur l’aide à l’Ukraine

Joe Biden s’est immédiatement félicité de l’accord intervenu au Sénat et a appelé le Congrès à approuver rapidement l’aide à l’Ukraine. Pierre d’achoppement entre démocrates et de nombreux républicains, celle-ci est pour l’instant la grande absente du texte.


La mesure d’urgence adoptée par le Congrès prévoit que l’administration continue d’être financée pendant quarante-cinq jours. Si elle n’avait pas été adoptée avant minuit, la première économie du monde aurait ralenti dès ce dimanche : 1,5 million de fonctionnaires auraient été privés de salaire et le trafic aérien aurait été perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux auraient trouvé porte close.

Les législateurs doivent à présent se pencher sur un projet de loi distinct portant sur une aide militaire et humanitaire de 24 milliards de dollars à l’Ukraine, que Joe Biden souhaitait voir figurer dans le budget. Un vote pourrait avoir lieu en début de semaine prochaine, selon les médias américains.

McCarthy sous la pression des trumpistes

« Ce que la Russie a fait est mal. Mais je pense que quoi que nous fassions, il faut que nous définissions ce qu’une victoire veut dire et ce que le plan doit être », a jugé McCarthy devant la presse. « Je pense qu’il y a une vraie frustration à travers l’Amérique, qui voit ce président ignorer les frontières des Etats-Unis et se préoccuper davantage d’un autre endroit », a-t-il ajouté, en allusion à ce que les républicains qualifient de « crise migratoire aux Etats-Unis ».

Une poignée d’élus républicains trumpistes refuse de débloquer une quelconque nouvelle aide à Kiev, estimant que ces fonds devraient être alloués à la gestion de la crise migratoire. Ces lieutenants de Donald Trump, qui disposent d’un pouvoir disproportionné en raison de la très faible majorité républicaine à la Chambre, ont reçu l’ordre de la part de l’ancien président, qui pourrait affronter Joe Biden en 2024, de « paralyser » l’Etat fédéral à moins d’obtenir gain de cause sur « tous » les dossiers budgétaires en débat. Elu au prix de nombreuses tractations avec les trumpistes, Kevin McCarthy risque son siège dans ces négociations.