Echange de prisonniers : Les cinq Américains libérés par l'Iran quittent Doha pour Washington

accord Six milliards de dollars ont été débloqués par Washington et versés sur le compte de banques iraniennes avant de procéder à l’échange de prisonniers

20 Minutes avec AFP
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Libérés par l'Iran dans le cadre d'un échange de prisonniers, deux citoyens américains, Siamak Namazi (2e à gauche) et Morad Tahbaz (droite), accueillis par des proches à leur arrivée à Doha, au Qatar, le 18 septembre 2023.
Libérés par l'Iran dans le cadre d'un échange de prisonniers, deux citoyens américains, Siamak Namazi (2e à gauche) et Morad Tahbaz (droite), accueillis par des proches à leur arrivée à Doha, au Qatar, le 18 septembre 2023. — AFP

Apaisement en vue entre Washington et Téhéran ? Malgré l’absence de relations diplomatiques, l’Iran et les Etats-Unis ont procédé au Qatar ce lundi à un échange de prisonniers dans le cadre d’un accord conclu en août. Cet accord, qui ne porte pas sur le programme nucléaire iranien, a suivi le transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud vers un compte spécial au Qatar pour être rendus à l’Iran.

« Cela fait vraiment du bien de pouvoir dire que nos concitoyens sont maintenant libres », a déclaré à la presse à New York le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken. Un avion qatari a atterri sur le tarmac de l'aéroport international de Doha en fin d'après-midi avec à son bord les cinq Américains libérés et deux de leurs proches. « Je leur ai parlé à leur atterrissage à Doha. Je peux vous dire que c'était pour eux, pour moi, une conversation émouvante », a dit Blinken. Dans la soirée, ils ont quitté Doha en direction de Washington.

Cinq personnes dont deux anonymes

Blinken a de nouveau justifié l'accord conclu avec l'Iran permettant cet échange de prisonniers, à savoir le transfert de six milliards de dollars de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, en arguant que le président Joe Biden avait pris une « décision difficile » en connaissance de cause. Issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, ces fonds avaient été bloqués à la suite de sanctions américaines. 

Le cas le plus médiatisé a été celui de l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. Son père octogénaire, Mohammad Baquer Namazi, s’était rendu en Iran pour tenter d’obtenir sa libération. Il avait été arrêté et condamné avant d’être dispensé de peine en 2020 et de quitter l’Iran en octobre 2022.

Figure aussi sur la liste Emad Sharqi, un investisseur, qui s’était vu infliger une peine de dix ans d’emprisonnement pour espionnage. Morad Tahbaz, un Irano-Américain possédant également la nationalité britannique, avait été arrêté en janvier 2018 et condamné à dix ans de prison pour « conspiration avec l’Amérique ». Les identités des deux autres ne sont pas connues. Tous les Américains détenus sont d’ascendance iranienne. L’Iran ne reconnaît pas la double nationalité et n’entretient aucune relation diplomatique avec les Etats-Unis depuis la Révolution islamique de 1979.

Près de six milliards d’euros

La plupart des Iraniens détenus aux Etats-Unis sont des binationaux accusés de ne pas avoir respecté les sanctions économiques imposées par Washington. En 2022, l’autorité judiciaire iranienne avait fait état de la détention « de dizaines » de ressortissants iraniens aux Etats-Unis. Parmi les cinq Iraniens libérés figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines ».

Amin Hasanzadeh a été condamné en 2020 pour avoir volé des données techniques, tandis que Mehrdad Moein Ansari a été accusé d’avoir cherché à obtenir des équipements militaires, et que Lotfolah Kaveh Afrasiabi est considéré comme un agent du gouvernement iranien, selon le ministère américain de la Justice. Deux des cinq libérés, Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, ont décidé de retourner en Iran, tandis qu’un autre devait se rendre dans un pays tiers pour y retrouver sa famille et que les deux derniers restent aux Etats-Unis, selon les autorités iraniennes.