Chine : Grosses tensions avec les Philippines autour d’un récif contesté

Houle Pékin a conseillé à Manille d’éviter les « provocations » en mer de Chine méridionale, après que les Philippines ont retiré une barrière flottante

20 Minutes avec AFP
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Sur cette photo prise le 20 septembre 2023, un bateau de pêche philippin croise un navire de la milice chinoise près du récif de Scarborough sous contrôle chinois (à l'arrière), dans la mer de Chine méridionale contestée.
Sur cette photo prise le 20 septembre 2023, un bateau de pêche philippin croise un navire de la milice chinoise près du récif de Scarborough sous contrôle chinois (à l'arrière), dans la mer de Chine méridionale contestée. — Ted ALJIBE / AFP

Une barrière de 300 mètres de long jette de l’huile sur le feu entre la Chine et les Philippines. Ce mardi, Pékin a conseillé à Manille d’éviter les « provocations » en mer de Chine méridionale. L’avertissement intervient après le retrait par les garde-côtes philippins d’une barrière flottante, installée selon Manille par Pékin près d’un récif disputé. Le dispositif a été découvert la semaine dernière à l’entrée du récif de Scarborough, dont la Chine a pris le contrôle en 2012, aux dépens des Philippines.

Il barrait l’accès au récif en forme d’atoll, aux eaux peu profondes et riches en ressources halieutiques. Les garde-côtes philippins ont annoncé lundi son démantèlement « conformément à l’instruction de la présidence ». Interrogé à ce sujet, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, a fustigé mardi « le soi-disant communiqué » des Philippines.

Coup de canif dans la diplomatie

« La Chine défend fermement sa souveraineté ainsi que ses droits et intérêts sur l’île Huangyan [nom chinois du récif de Scarborough] », a déclaré le porte-parole. « Nous conseillons aux Philippines de ne pas faire de provocations ni de créer des troubles », a-t-il averti devant la presse.

Le récif de Scarborough se trouve à 240 kilomètres à l’ouest de l’île principale des Philippines, Luzon, et à près de 900 kilomètres de l’île chinoise de Hainan, au sud de la Chine continentale. « La barrière représentait un danger pour la navigation, une violation claire du droit international », ont estimé les garde-côtes philippins, en publiant lundi une vidéo. Elle montre un homme portant masque, tuba et palmes trancher au couteau une corde attachée à des bouées blanches.

La Chine ignore le droit international

Un peu plus tôt, le conseiller à la sécurité nationale des Philippines Eduardo Ano avait affirmé que l’archipel du sud-est asiatique prendrait « toutes les mesures appropriées » pour obtenir la suppression de la barrière. La Chine revendique au grand dam de plusieurs pays riverains la souveraineté sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, qui est un important carrefour de routes maritimes commerciales.

En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer signée en 1982, que la Chine a contribué à élaborer, les pays ont le droit souverain d’exploiter les ressources naturelles situées dans un rayon d’environ 200 milles (370 km) de leurs côtes. En 2013, les Philippines avaient engagé une procédure d’arbitrage international contre la Chine. La Cour permanente d’arbitrage de La Haye a tranché en faveur de Manille en 2016, jugeant qu’il n’y avait « aucun fondement juridique pour que la Chine revendique des droits historiques » sur l’essentiel de cette mer et ses ressources. Pékin a refusé de prendre part à la procédure et a ignoré le jugement.