Grèce: Les raisons de l'impasse politique
DÉCRYPTAGE lors que les élections législatives ont eu lieu le 7 mai, la Grèce n'a toujours pas de gouvernement. «20 Minutes» vous explique pourquoi la classe politique ne trouve pas d'issue...
Que se passe-t-il en Grèce depuis une semaine?
Au lendemain de la chute de Georges Papandréou et de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale dirigé par Lucas Papademos en novembre dernier, Antonis Samaras, le leader du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), a exigé un scrutin législatif anticipé par rapport à l’échéance normale de l’automne 2013.
Aucun parti n'ayant obtenu la majorité lors de ce scrutin le 7 mai dernier, la Grèce est plongée depuis cinq jours dans une paralysie politique: trois leaders -Samaras pour le ND, Alexis Tsipras pour la coalition de la gauche radicale Syriza, Evangelos Venizelos pour les socialistes du Pasok- ont tenté de former un gouvernement de coalition, sans succès. Le président Carolos Papoulias a donc convoqué ce lundi les dirigeants de ces trois partis et celui de la Gauche démocratique (Dimar) pour une ultime tentative de former un gouvernement d'unité nationale.
Pourquoi cette ultime tentative a-t-elle peu de chances d’aboutir?
Pour deux raisons principales. D’une part, Alexis Tsipras a indiqué qu’il ne participerait pas à ces tractations de la dernière chance, les qualifiant de «pourparlers sélectifs avec des responsables politiques convoqués par le président grec». Il s’est en revanche dit prêt à des pourparlers réunissant l'ensemble des forces politiques du pays, à l'exception du parti d'extrême-droite Aube dorée.
D’autre part, une coalition gouvernementale pourrait être formée entre la ND, le Pasok, et Dimar, qui représentent ensemble la majorité des voix au parlement grec (168 sur 300), mais le chef de Dimar, Fotis Kouvelis, a posé comme condition à la participation de son parti que Syriza en soit:.«Un gouvernement sans Syriza n'aura pas le soutien nécessaire du peuple», a-t-il dit.
Qu’est-ce qui bloque les discussions?
Alexis Tsipras a exclu toute participation à un gouvernement soutenant le plan de sauvetage du pays, expliquant qu'il n'allait pas «servir d'alibi» pour appliquer le programme d'austérité réclamé par les créanciers du pays en échange de leur aide, mais fortement contesté dans les urnes. La ND et le Pasok ont en effet signé le mémorandum fixant les conditions de l'aide de l'Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), alors que Syriza y est opposé.
Quelles solutions pour une sortie de crise?
L'ultime chance pour former un gouvernement d'union nationale se trouve donc entre les mains du président grec Carolos Papoulias. Mais cette solution a très peu de chances d’aboutir, et le recours à de nouvelles élections semble être la sortie probable. Si aucune solution n’est trouvée d’ici jeudi, date prévue de la première séance du nouveau Parlement, le Président pourrait convoquer de nouvelles élections législatives anticipées. La presse grecque évoque le 17 juin.
Et, selon un sondage publié samedi sur les intentions de vote en cas de nouveau scrutin, Syriza pourrait l’emporter avec 25,5% des voix. Un score qui lui permettrait d'empocher, en plus des sièges attribués à la proportionnelle, la «prime» de cinquante élus garantie au premier parti pour favoriser la formation d'un gouvernement stable. Syriza ne pourrait peut-être pas former un gouvernement, mais cette situation écarterait encore un peu plus l'hypothèse d'une coalition permettant le maintien de la Grèce dans la zone euro.