Syrie: Le plan de sortie de crise de l'ONU sur la voie de l'échec

MONDE Les autorités syriennes multiplient les conditions, et des chars poursuivraient leurs bombardements...

Corentin Chauvel avec Reuters
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Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, le 10 avril 2012, à Moscou (Russie).
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al Moualem, le 10 avril 2012, à Moscou (Russie). — D.SINYAKOV / REUTERS

Un nouveau coup d’épée dans l’eau? Alors que des chars poursuivraient leur intrusion dans plusieurs villes syriennes, parfois à l’aide de bombardements, le plan de sortie de crise de l’ONU qui doit être mis en œuvre ce mardi a pris du plomb dans l’aile.

Le chef de la diplomatie syrienne Walid al Moualem a pourtant assuré que Damas avait commencé à appliquer le plan de Kofi Annan, en particulier en ce qui concerne «l'utilisation des armes lourdes» dans les villes, avant de réitérer l'exigence du régime de Bachar al-Assad d'obtenir des «garanties» que les rebelles respecteront le cessez-le-feu.

«Nous voulons que ce soit Kofi Annan qui nous donne ces garanties»

«Nous n'allons pas demander des garanties à ces groupes terroristes qui tuent, enlèvent et détruisent. Nous voulons que ce soit Kofi Annan qui nous donne ces garanties», a insisté Walid al Moualem. L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe s'est engagé au cours d'un récent entretien téléphonique à ce que les «groupes terroristes» soient désarmés une fois la trêve entrée en vigueur, a encore indiqué le ministre des Affaires étrangères.

Ce dernier a ajouté que la fin des combats en Syrie devait être concomitante du déploiement sur le terrain des observateurs des Nations unies. Aucune date n'a cependant encore été fixée pour la mise en oeuvre de cette mission de 200 à 250 observateurs dont le général norvégien Robert Mood est venu négocier les modalités à Damas jeudi dernier. La Syrie entend «avoir son mot à dire sur sa composition», a précisé le chef de la diplomatie syrienne.

Moscou et Pékin mettent la pression sur Damas

Moscou, appuyé par Pékin, a ainsi objecté que la Syrie pourrait agir «de manière plus décisive» en la matière, a déclaré ce mardi le ministre russe des Affaires étrangères. A l'issue d'un entretien avec son homologue syrien, Sergueï Lavrov a également invité «les pays qui ont de l'influence» sur les groupes d'opposition syriens à encourager ces derniers à appliquer immédiatement le cessez-le-feu.

«Les déclarations ce matin du ministre des Affaires étrangères syrien  affirmant une première mise en oeuvre par le régime de Damas du plan de Kofi Annan  sont une nouvelle expression de ce mensonge flagrant et inacceptable», a réagi dans la foulée  le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero. «Elles témoignent d'un sentiment d'impunité contre lequel la communauté  internationale doit absolument réagir», a-t-il ajouté.

Aux termes du document préparé par l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, les troupes de Bachar al-Assad ont jusqu'à ce mardi soir pour se retirer avec leurs armes lourdes des centres urbains. Un cessez-le-feu formel doit ensuite entrer en vigueur jeudi à 4h, heure française.