Emeutes en Grande-Bretagne: Un cinquième mort malgré une nuit plus calme

VIOLENCES Un homme, grièvement blessé lundi, est décédé...

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Des policiers se déploient à Eltham, dans le sud de Londres, après le émeutes d'août 2011.
 
Des policiers se déploient à Eltham, dans le sud de Londres, après le émeutes d'août 2011.   — Stefan Wermuth / Reuters

Le Premier ministre britannique David Cameron a dévoilé jeudi de nouvelles mesures anti-émeutes, n'excluant pas le recours à l'armée à l'avenir, alors que le pays a connu sa seconde nuit calme jeudi soir, après quatre jours consécutifs de violences. Aucun incident n'était signalé vendredi vers 3h (4h à Paris). Les émeutes ont fait au moins cinq morts. La police a annoncé tôt vendredi le décès de la cinquième victime, un homme de 68 ans qui avait été retrouvé grièvement blessé lundi soir à Ealing, banlieue de l'ouest de Londres alors en proie à des troubles.

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Devant le Parlement réuni en session extraordinaire jeudi, David Cameron a annoncé des pouvoirs supplémentaires pour les policiers, notamment celui d'enlever foulards, masques et autres cagoules dissimulant le visage des personnes soupçonnées d'activité criminelles. Nombre de pillards qui ont semé la terreur ces derniers jours dans plusieurs villes d'Angleterre avaient le visage caché, compliquant leur identification sur les images de vidéo-surveillance.

Les autorités réfléchissent aussi à la possibilité d'appliquer un couvre-feu en cas de troubles et d'empêcher l'utilisation des réseaux sociaux et des services de messageries aux personnes qui s'en servent à des fins criminelles, a annoncé David Cameron. Le Premier ministre conservateur n'a pas non plus exclu le recours à l'armée à l'avenir. «Ma responsabilité est de veiller à ce qu'on considère toute éventualité, y compris s'il y a des tâches que l'armée peut assurer», a déclaré David Cameron, qui avait déjà annoncé en début de semaine d'importants renforts de police et le recours possible aux canons à eau.

Il ne s'agit «pas de politique, ni de manifestation mais de vol»

Dans un discours de fermeté, le chef de gouvernement, rentré d'urgence de vacances mardi, a condamné «la criminalité pure et simple» des émeutiers. Il ne s'agit «pas de politique, ni de manifestation mais de vol», a-t-il tempêté, accusant des «voyous opportunistes» d'avoir pris pour prétexte la mort d'un homme, tué par la police la semaine dernière, pour déclencher les violences. De samedi à mercredi, les émeutiers ont vandalisé nombre de commerces et incendié des bâtiments dans plusieurs villes anglaises, dont Londres, qui doit accueillir les jeux Olympiques de 2012.

«A un an des Jeux, nous devons montrer que la Grande-Bretagne n'est pas un pays qui détruit, mais un pays qui bâtit, qui ne baisse pas les bras», a estimé David Cameron. La facture des violences urbaines dépassera largement le seuil des 225 millions d'euros (321 millions de dollars), selon des chiffres provisoires des assureurs et de groupements professionnels. Le gouvernement a annoncé de son côté la création d'un fonds de 22 millions d'euros (32 millions de dollars) pour venir en aide aux commerçants dont les magasins ont été dévalisés.

La Grande-Bretagne a connu mercredi soir sa première nuit calme depuis le début des violences, l'important dispositif policier et la pluie semblant avoir dissuadé les émeutiers de semer la panique. La police, qui a procédé à plus de 1.200 arrestations, a continué jeudi à interpeller des fauteurs de troubles présumés. A Londres, elle a mené dès l'aube des perquisitions en application de 100 mandats d'arrêt.

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Pour faire face à l'afflux de personnes à juger, des tribunaux étaient restés ouverts pendant la nuit de mercredi à jeudi. A la barre se sont notamment succédés un garçon de 11 ans qui a reconnu le vol d'une poubelle d'une valeur de 57 euros (81 dollars) et une aide-maternelle, également accusée de vol. Dans les quartiers défigurés par les émeutes, les pires qu'ait connues le pays depuis des décennies, la vie reprenait progressivement ses droits jeudi. A Ealing, un café bio, dont la vitrine brisée était remplacée par des planches de bois, était ouvert. "Le quartier se remet rapidement", a témoigné le patron, Hussein Hagg.

En dépit de ces signes de retour à la normale, les risques de dérapage demeuraient importants. Ce qui a contraint la ligue anglaise de football à reporter le match de la première journée du championnat d'Angleterre samedi à Londres entre Everton et Tottenham, le quartier même où les violences avaient débuté le week-end dernier. Les neuf autres matches du championnat ont en revanche été maintenus pour ce week-end.