La France et le Royaume-Uni vont signer un traité de défense

ARMEE Les deux Etats opèrent un sérieux rapprochement...

Avec Reuters
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 Des soldats anglais défilent lors d'une parade militaire à Bruxelles (Belgique) le 21 juillet 2010.
Des soldats anglais défilent lors d'une parade militaire à Bruxelles (Belgique) le 21 juillet 2010. — Thierry Charlier/AP/SIPA

La Grande-Bretagne et la France signeront mardi à Londres de nouveaux  traités de défense et de sécurité, a déclaré lundi aux Communes le  Premier ministre britannique, David Cameron.

Ce sera le plat de résistance du premier sommet franco-britannique  depuis l'arrivée au pouvoir de la coalition Tory-LibDem, sous la  houlette de ce jeune conservateur, après des années de gouvernement  travailliste.

Les deux pays espèrent ainsi enrayer leur déclin militaire et entraîner les autres Européens dans une politique commune. Selon le ministre britannique de la Défense Liam Fox, les accords  signés à Lancaster House porteront notamment sur l'acquisition et le  partage d'équipements et de technologies, la projection et  l'entrainement de forces, etc.

Aucun secteur, pas même la dissuasion nucléaire, n'est exclu de cette coopération, dit-on à Paris. "Ce sommet est un point de départ", souligne la présidence française. "Nous passons de la coopération à l'interdépendance."

David Cameron s'est attaché à rassurer des Britanniques sourcilleux  sur leur souveraineté : "Le partenariat, oui, mais abandonner notre  souveraineté, non", a-t-il déclaré devant le Parlement.

Contrainte budgétaire

David Cameron a annoncé le 19 octobre une réduction de 8% en quatre ans du budget de la défense britannique. Le Royaume-Uni  va repousser le renouvellement de son programme de dissuasion nucléaire  "Trident", réduire les effectifs de ses armées, retarder des programmes  comme la construction de sous-marins, etc.

La France est également engagée dans un important programme d'économies, dont la suppression de 54.000 postes. "La contrainte budgétaire qui pèse au Royaume-uni et en France est  une puissante incitation à coopérer davantage", souligne un conseiller  de Nicolas Sarkozy. "Mais nous avons bien d'autres raisons de coopérer",  s'empresse-t-il d'ajouter.

Le peu d'empressement des autres Européens à prendre leur part d'une  Europe de la défense en est une - "nous sommes les deux poids lourds de  la défense en Europe. Si nous arrivons à nous entendre, l'Europe  progresse", souligne ce conseiller.

Les deux pays veulent rapprocher leurs industries de défense pour  les rendre plus compétitives, renforcer leur coopération dans la  recherche, la "cyber-défense" et la lutte contre le terrorisme, confier  le soutien de leur futur flotte d'avions de transport militaire A400M à  Airbus, etc.

Coopération aéro-navale

Les états-majors des deux pays devront prévoir le déploiement en commun de forces dans différents cas de figure. Paris et Londres ont abandonné l'idée de construire ensemble un  porte-avions, entreprise compliquée et coâteuse compte tenu de choix  jusqu'ici divergents - en faveur de navires à catapulte pour la France  et de l'avion à décollage vertical "Harrier", qui ne demande pas  d'équipement si sophistiqué, pour Londres.

Le Royaume-Uni envisage cependant de se doter dans les années à  venir d'un porte-avions à catapulte - ce que devrait faciliter l'abandon  des "Harrier" vers 2020.

De même que des avions britanniques pourront embarquer sur le  "Charles de Gaulle", des appareils français pourront alors apponter sur  le bâtiment de la Royal Navy, précisait le ministre français de la  Défense la semaine passée dans La Tribune.

Le retour désormais total de la France dans le commandement intégré  de l'Otan a facilité ce rapprochement avec un Royaume-Uni qui reste  malgré tout l'allié privilégié des Etats-Unis.

Nicolas Sarkozy et David Cameron prépareront ainsi "avec une  approche conjointe franco-britannique" le sommet de l'Otan des 19 et 20  novembre à Lisbonne, promet la présidence française.