«Diamants du sang»: Qu'est-il reproché exactement à Charles Taylor?

JUSTICE 11 chefs d’accusation sont retenus contre l’ancien dictateur libérien...

Anaïs Machard
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Charles Taylor jugé pour 11 crimes au tribunal de la Haye, le 13 juillet 2009
Charles Taylor jugé pour 11 crimes au tribunal de la Haye, le 13 juillet 2009 — AFP PHOTO ANP POOL REUTERS/UNITED PHOTOS

Le glamour de Naomi Campbell et Mia Farrow l’ont un  peu occulté, mais le procès qui se déroule à La Haye est avant tout  celui de Charles Taylor, chef de guerre sanguinaire et inculpé pour  crimes contre l’humanité, crimes de guerre et autres violations du droit  international humanitaire par le tribunal spécial pour la Sierra Leone.  

11 chefs d’accusation sont retenus contre l’ancien  président libérien pour meurtres, viols, mutilations de civils,  esclavage sexuel de femmes et fillettes, ou encore recrutement d’enfants  soldats. 

Il a été inculpé en tant que chef commanditaire des  rebelles du Front révolutionnaire (RUF) du Liberia. Il est soupçonné par  le tribunal d’avoir armé et financé les rebelles en échange d’un accès  aux richesses du pays, les «diamants du sang».

« Il a tué ma mère, il a tué mon père, mais je vote  pour lui» 

En 1989, il est le chef du front national  patriotique. Allié de Foday Sankoh, il s’empare des mines de diamant du  Sierra Leone afin de financer leur guerre contre Samuel Doe, ancien  partenaire qui l’aura trahi: La vente de ces diamants aura rapporté plus  de 200 millions de dollars.

En 1997, il est élu à la présidence avec le slogan «Il  a tué ma mère, il a tué mon père mais je vote pour lui.» Grâce à la  terreur qu’il inspire à la population, il obtient 75% des suffrages.  Après cette élection, il intensifie son soutien au RUF en Sierra Leone.  Jusqu’en 2003 où il est chassé du pouvoir, il poursuit ses crimes et  dévaste le pays. En mars 2006, il est arrêté.

Violence gratuite : cannibalisme, amputations... 

Entre 1992 et 2002, la guerre civile a causé la mort  de 250.000 personnes, provoqué 850.000 déplacés ou réfugiés, ravagé le  pays et détruit la quasi-totalité des infrastructures.

L’ancien chef politique est accusé d’avoir engagé de  force des enfants-soldats dans son armée. Les témoignages de ceux-ci  sont terrifiants: Ils étaient enrôlés de force par l’armée, drogués puis  dressés pour tuer: Les enfants avaient pour ordre de tuer leurs pères  et mères, de violer, mutiler et piller. Leur mission était de semer la  terreur. Beaucoup de témoins ont fourni des descriptions très précises  de scènes horribles comme des actes de cannibalisme ou encore des  amputations gratuites en Sierra Leone. 

Le premier chef d’état africain à être jugé par la  justice internationale 

Le 14 juillet 2009, il a pour la première fois tenté  de se défendre et nié toutes les accusations, les qualifiant de «fausses  informations, mensonges et rumeurs». Le procès dure depuis plus d’un an  et demi, Charles Taylor est le premier chef d’état africain à être jugé  par la justice internationale. 

«C'est inimaginable qu'on puisse croire que le  président du Liberia irait en Sierra Leone pour terroriser la population  et s'emparer de ses richesses», a-t-il déclaré, plaidant non coupable.  L’ancien président est à ce jour retenu au tribunal spécial pour la  Sierra Leone, déplacé à La Haye pour son jugement. Il est jugé  uniquement contre ses crimes en Sierra Leone. Il risque la prison à  perpétuité.

L’enquête tourne autour de Naomi Campbell, car si  celle-ci déclarait que les diamants lui proviennent de Charles Taylor,  cela confirmerait son implication dans le trafic d’armes contre diamants  du sang en Afrique du Sud durant la guerre civile.