Argentine : Large victoire à la présidentielle du polémiste ultralibéral Javier Milei

PLUS DE 55 % Durant la campagne, Javier Milei a promis de « tronçonner » l'« Etat-ennemi » et dollariser l’économie, alors que l’inflation sur un an est de 143 %

20 Minutes avec AFP
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Javier Milei après avoir voté lors du second tour de la présidentielle en Argentine, à Buenos Aires le 19 novembre 2023.
Javier Milei après avoir voté lors du second tour de la présidentielle en Argentine, à Buenos Aires le 19 novembre 2023. — Natacha Pisarenko/AP

L’Argentine a choisi dimanche de changer radicalement de direction. L’économiste ultralibéral Javier Milei sera le prochain président du pays, après avoir largement remporté le second tour de la présidentielle, avec 55,95 % des voix contre 44,04 % à son rival, le ministre de l’Economie Sergio Massa.

Ces résultats partiels montrant une avance de plus de onze points pour Javier Milei ont été communiqués par le secrétariat général de la présidence, avec plus de 86 % des votes décomptés. Quelques minutes auparavant, le centriste Sergio Massa, qui était arrivé en tête au premier tour le 22 octobre, avait concédé sa défaite, annonçant à ses partisans à son QG de campagne à Buenos Aires que Milei « est le président que la majorité des Argentins a élu pour les quatre prochaines années ». Il a ajouté avoir appelé Javier Milei « pour le féliciter et lui souhaiter bonne chance ».

Les pro-Milei veulent le ménage à la tête de l’Etat

Dans le même temps, l’euphorie a envahi l’extérieur du QG de campagne de Javier Milei, où quelques milliers de partisans ont chanté et scandé deux des slogans fétiches du candidat : « La caste tiene miedo » (La caste a peur !) « Viva la libertad, carajo ! » (Vive la liberté bordel !). « Qu’ils s’en aillent tous, qu’il n’en reste pas un seul ! », ont entonné aussi les pro-Milei.

Le président brésilien Lula a souhaité « bonne chance et succès » au nouveau gouvernement argentin, dans un message sur X dans lequel il n’a pas mentionné Javier Milei. « L’Argentine est un grand pays qui mérite tout notre respect. Le Brésil sera toujours disponible pour travailler avec nos frères argentins », a-t-il écrit.

Plus que le résultat, c’est surtout l’ampleur de l’écart qui surprend. Des sondeurs avaient ces dernières semaines donné un léger avantage à Milei, mais nombre d’analystes prédisaient un résultat se jouant « au vote près », dans une élection crispée et indécise comme rarement en quarante ans depuis le retour de la démocratie.

Quatre Argentins sur dix sous le seuil de pauvreté

Au final, « l’outsider » qui promettait de dégager la « caste politique parasite », les gouvernements péronistes et libéraux se succédant depuis vingt ans, a renversé la politique argentine par un petit raz-de-marée, à hauteur du ras-le-bol d’Argentins éreintés par une économie à genoux. Une inflation chronique, désormais à trois chiffres (143 % sur un an), quatre Argentins sur dix sous le seuil de pauvreté, un endettement pathologique et une monnaie qui dévisse dressent le paysage de ce second tour pour lequel 36 millions d’Argentins étaient appelés à se prononcer.

Javier Milei, économiste « anarcho-capitaliste » comme il se décrit, est un polémiste de plateaux TV surgi en politique il y a deux ans. Dégagiste contre la « caste parasite », il est résolu à « tronçonner » l'« Etat-ennemi » et à dollariser l’économie. En plus de sa volonté d’assécher la dépense publique, Milei a aussi pour projet de « déréglementer le marché des armes à feu ».