Etats-Unis : Chaos à la Chambre, Kevin McCarthy destitué du poste de Speaker, une première historique

révolte La fronde de la droite dure américaine, menée par Matt Gaetz, a obtenu la tête de Kevin McCarthy et plonge le parti républicain, et le Congrès, dans la crise

P.B.
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Kevin McCarthy, le Speaker de la Chambre des représentants, a été évincé de son poste le 3 octobre 2023.
Kevin McCarthy, le Speaker de la Chambre des représentants, a été évincé de son poste le 3 octobre 2023. — J. Scott Applewhite/AP/SIPA

De notre correspondant aux Etats-Unis,

Il n’aura été Speaker que 269 jours. Mardi, le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a perdu un vote de confiance après une fronde de l’aile droite du parti républicain, une première dans l’histoire américaine. Huit ultraconservateurs menés par Matt Gaetz, qui reprochaient à McCarthy d’avoir conclu un accord temporaire sur le budget pour éviter un « shutdown », ont voté avec les démocrates (216-210) pour destituer le Speaker. Qui a indiqué dans la foulée qu'il n'avait pas l'intention de se représenter.

C’est l’élu de Caroline du Nord Patrick McHenry, principal négociateur avec la Maison Blanche lors de la crise de la dette, qui a été choisi par Kevin McCarthy pour devenir Speaker temporaire, le temps qu’un vote puisse avoir lieu. 


Vu la guerre intestine des républicains à la Chambre, cela pourrait prendre du temps : en janvier, il avait fallu 15 tours de scrutin pour que McCarthy soit élu face à l'opposition du même groupe. Et le compte-à-rebours a déjà commencé: la rallonge pour éviter le « shutdown » ne court que pendant 45 jours, avec des lois de finance toujours dans l'impasse.

Vieilles divisions internes

La tête de Kevin McCarthy n’a toujours tenu qu’à un fil. La faute à une vague rouge qui n’a pas eu lieu aux midterms de novembre 2022, avec une infime majorité républicaine de cinq voix. La faute, surtout, à une douzaine d’élus ultraconservateurs du Freedom caucus qui avaient exigé pour sortir de l’impasse en janvier qu’un vote de confiance puisse être déclenché à la demande d’un seul représentant.

Depuis 2010, le parti républicain va de crise en crise à la Chambre. D'abord avec les élus du Tea party, puis avec ceux du Freedom caucus, qui avaient poussé John Boehner à la démission en 2015.

Des « terroristes »

La destitution de Kevin McCarthy a été largement critiquée par les sénateurs républicains, plus centristes qu'à la Chambre. « On a vu la même chose avec (John) Boehner, (Paul) Ryan et maintenant McCarthy. Je suis sûr que le prochain Speaker fera face aux mêmes attaques terroristes », a fustigé le Texan John Cornyn

Les élus frondeurs avaient déjà grogné quand Kevin McCarthy a trouvé un compromis avec des démocrates et des républicains centristes pour éviter un défaut sur la dette en décembre, une stratégie à nouveau employée ce week-end pour empêcher un « shutdown » de l’Etat fédéral, avec le vote d’une rallonge budgétaire. Ils accusaient également McCarthy d'avoir conclu un accord secret avec Joe Biden pour protéger une nouvelle aide à l'Ukraine à laquelle ils s'opposaient.

Matt Gaetz, qui réclamait des coupes drastiques dans les dépenses, a dégoupillé la grenade, et les démocrates ont laissé Kevin McCarthy sauter, lui reprochant d'avoir soutenu Donald Trump après l'assaut du Capitole. Comme le disait le président Truman : « Si vous voulez un ami à Washington, prenez un chien. »