Etats-Unis : Les enjeux du procès civil de Trump qui s’est ouvert à New York, entre ego et gros sous

justice Poursuivi pour fraude, l’ancien président américain a dénoncé un « simulacre » de justice

P.B. avec AFP
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Procès de Donald Trump : L'ancien président américain et ses deux fils jugés pour fraudes — 20 Minutes

Il ne risque peut-être pas la prison avec ce procès au civil, mais Donald Trump est attaqué sur ce qui lui est le plus cher : sa valeur et sa marque. Jugé avec deux de ses fils pour avoir surévalué dans les années 2010 leur patrimoine immobilier de milliards de dollars, l’ancien président s’en est pris lundi à un « simulacre » de justice, en attaquant la procureure afro-américaine Letitia James, selon lui « raciste » et « corrompue », et un magistrat « voyou ». Mais dans ce procès au civil qui devrait durer plusieurs semaines, Donald Trump pourrait perdre gros.

Que risque Donald Trump ?

Contrairement aux quatre procès au pénal qui l’attendent l’an prochain, Donald Trump ne risque pas de peine de prison. L’ancien président américain est jugé au civil dans une affaire qui menace de lui faire perdre le contrôle de son empire économique dans l’Etat de New York, en plus de pénalités financières pouvant atteindre 250 millions de dollars.

De quoi est-il accusé ?

Letitia James accuse le magnat de l’immobilier et ses fils de « fraudes répétées » et d’avoir « triché » pendant des années. Principalement en gonflant leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d’assurance, économisant plus de 100 millions de dollars. Dans le détail, la surface du triplex de l’homme d’affaires dans la Trump Tower aurait été triplée, tandis que l’immeuble du 40 Wall Street surévalué de 200 à 300 millions de dollars dans des déclarations financières.

Quelle est la défense de Donald Trump ?

Ce procès, l’un des premiers d’une longue série, est un « simulacre » et une « ingérence électorale » pour l’empêcher de revenir à la Maison Blanche en 2024, a-t-il encore accusé, traitant aussi le juge qui préside les débats, Arthur Engoron, de « voyou ». A l’intérieur de la salle d’audience, l’ancien président, 77 ans, a passé sa première journée assis, le visage fermé, ne s’exprimant qu’auprès de ses avocats. Chris Kise a défendu un « président (qui) a bâti l’un des empires immobiliers les plus prospères de la planète » et nié la moindre irrégularité comptable. Sa consœur Alina Habba a martelé que son puissant client n’avait pas commis de « fraude » mais faisait de « l’immobilier ». « Il ne s’agit pas d’un complot, mais de faire des affaires », a-t-elle plaidé

Pourquoi le procès est déjà embarqué ?

L’affaire a pris un enjeu considérable la semaine dernière lorsque le juge Engoron a estimé dans une ordonnance en référé que des « fraudes répétées » étaient établies, validant une partie du dossier de la procureure. En conséquence, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l’Etat de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu’elles soient confiées à des liquidateurs. Donald Trump, qui a fait fortune dans l’immobilier et les casinos dans les années 1980, a fait appel, mais si la décision était appliquée, il perdrait le contrôle sur plusieurs étendards de son groupe, comme la Trump Tower sur la 5e avenue de Manhattan.

Pourquoi n’y a-t-il pas de jury ?

Lundi, Donald Trump a dénoncé un procès qui se déroule sans jury, avec le juge Engoron chargé d’établir les faits. Mais la faute incombe à ses avocats, qui n’ont pas coché la case nécessaire à demander un procès devant un jury, sans que l’on sache s’il s’agit d’un oubli ou d’une stratégie.

Donald Trump est-il obligé d’assister à l’audience ?

Non, dans un procès au civil, il n’est pas contraint d’être présent mais il a choisi de l’être lundi. Dans la foulée, ses équipes ont sollicité ses partisans sur Internet pour lever des fonds. Il est toutefois peu probable que Donald Trump soit là au cours des prochaines semaines.

Va-t-il témoigner ?

Des dizaines de témoins doivent s’exprimer, dont le premier, lundi, était un ancien employé de Mazars, un cabinet d’experts-comptables qui avait décidé en 2021 de ne plus travailler pour la Trump Organization. La liste des témoins comprend aussi Donald Trump lui-même, et trois de ses enfants, Eric, Donald Jr, et Ivanka initialement visée par la plainte mais finalement non poursuivie. Lundi, l’un de ses avocats a assuré que Donald Trump témoignerait, mais à ce stade, on ne sait pas s’il s’agit de bluff. Son ancien avocat, Michael Cohen, pourrait être appelé à la barre. Dans une vidéo diffusée par les procureurs, il a affirmé que Donald Trump a notamment gonflé sa valeur car il voulait « gagner des places » au classement Forbes des milliardaires.