Haut-Karabakh : Un flot incessant de réfugiés affluent à la frontière arménienne
sauve qui peut Depuis l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan la semaine dernière, les habitants de la région séparatiste du Haut-Karabakh craignent d’être victimes d’un massacre
Près de la moitié de la population du Haut-Karabakh a fui la région du Caucase. Ils sont désormais 50.243 à s’être réfugiés en Arménie, selon de nouveaux chiffres communiqués mercredi par Erevan, à la suite de l’opération militaire de l’Azerbaïdjan qui a fait plus de 400 morts dans les deux camps. L’Azerbaïdjan a ouvert dimanche la seule route reliant le Nagorny Karabakh à l’Arménie, quatre jours après la capitulation des séparatistes et un accord de cessez-le-feu qui place sous le contrôle de Bakou la région d’environ 120.000 habitants, essentiellement peuplée d’Arméniens.
Les autorités se sont engagées à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes de partir. Elles ont cependant arrêté mercredi l’homme d’affaires Ruben Vardanyan, qui a dirigé le gouvernement séparatiste de l’enclave de novembre 2022 à février 2023, alors qu’il tentait de rejoindre l’Arménie.
Un chaos à la frontière
De l’autre côté de la frontière, c’est le chaos qui règne. Première étape pour la plupart, la ville de Goris est méconnaissable. Des centaines de voitures encombrent ses rues dans le plus grand chaos, sous les yeux de policiers impuissants à les orienter. Des hélicoptères survolent la zone.
Nombre de réfugiés, affamés, ont passé la nuit dans leurs véhicules dont ils émergent les yeux rougis de fatigue, beaucoup disant n’avoir aucun endroit où dormir ni lieu où aller en Arménie. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian s’était dit prêt à accueillir 40.000 réfugiés dans le pays de 2,9 millions d’habitants. Mais le gouvernement n’a pu loger pour l’heure que 2.850 personnes, ce qui laisse présager d’une crise humanitaire.
La société civile s’organise
La société civile s’organise sans attendre l’Etat. La petite ville de Goris n’en est pas à son premier exode : elle a déjà accueilli des réfugiés pendant les précédentes guerres du Nagorny Karabakh opposant les deux anciennes républiques soviétiques, l’Arménie à majorité chrétienne, et l’Azerbaïdjan à majorité musulmane.
Après l’appel à protéger les civils lancé mardi par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, son homologue allemande Annalena Baerbock a exhorté Bakou à autoriser les observateurs internationaux à entrer dans l’enclave. « Les enfants, les femmes et les hommes du Nagorny Karabakh doivent pouvoir rester dans leurs foyers et dans leur patrie en paix et dans la dignité », a-t-elle insisté.