Kosovo : Un policier tué, des hommes retranchés dans un monastère… Que se passe-t-il à la frontière avec la Serbie ?

tensions Le Kosovo accuse la Serbie d’être à l’origine de cette flambée de violence, mais Belgrade dénonce une « théorie du complot »

X.R. avec AFP
Des policiers kosovars à l'entrée du village de Banjska, à la frontière avec la Serbie.
Des policiers kosovars à l'entrée du village de Banjska, à la frontière avec la Serbie. — STRINGER / AFP

C’est une attaque ultra-violente et soudaine qui a mis le feu aux poudres, mais la mèche était en place depuis longtemps. Après la mort d’un policier au nord du Kosovo, le ton est monté entre le pays indépendant depuis 2008 et la Serbie, qui refuse toujours de reconnaître l’autonomie de son ancienne province. Au moins 30 hommes armés sont désormais encerclés par la police kosovare dans un monastère, et les échanges de tirs se poursuivent. Que s’est-il passé pour en arriver là ? 20 Minutes fait le point.

Que s’est-il passé tôt dans la matinée, à la frontière ?

C’était une patrouille de routine, pour autant que ce mot soit employable dans une zone sujette à de vives tensions depuis plusieurs mois. Deux policiers kosovars, qui patrouillaient près d’une route signalée comme bloquée tôt ce dimanche matin près de la frontière avec la Serbie, ont été soudainement « attaqués depuis différentes positions à l’arme lourde, notamment avec des grenades », indique un communiqué de la police.

L’un des deux policiers est mort pendant l’attaque, son collègue a été blessé. Le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, a immédiatement fustigé une attaque « menée par des professionnels, masqués et équipés d’armes lourdes. Nous condamnons cette attaque criminelle et terroriste », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. « Le crime organisé, avec un soutien financier et logistique de responsables de Belgrade attaque notre pays ».

Pourquoi des hommes se sont-ils retranchés dans un monastère ?

Le lien avec le groupe qui a tué le policier un peu plus tôt n’est pas clairement établi. Mais dans un contexte de vives tensions depuis le mois de mai et la nomination de maires albanais dans quatre municipalités à majorité serbe, cet épisode de violence n’est que l’acmé d’une période qui a vu trois policiers kosovars être arrêtés par la Serbie et des émeutes pro-serbes faire 30 blessés parmi les forces de maintien de la paix de l’Otan. Peu après la mort du policier donc, des hommes masqués « ont pris d’assaut le monastère de Banjska dans un véhicule blindé, et ont forcé la porte », selon le diocèse local.

« Il y a au moins 30 professionnels, soldats ou policiers armés, qui sont actuellement encerclés par nos forces de police et que j’invite à se rendre », a déclaré à la mi-journée le Premier ministre, Albin Kurti. Avant de montrer aux journalistes des images d’hommes armés et de véhicules militaires dans la cour d’un monastère présenté comme celui de Banjska. « Ce ne sont pas des civils », a-t-il affirmé, « mais des professionnels, policiers ou militaires, qui se trouvent dans et autour d’un monastère », dans lequel se trouvent des pèlerins, selon le diocèse. « On peut voir des hommes armés en uniforme. Ils nous tirent dessus et nous répliquons », confirme un responsable policier local.

Quelles sont les réactions politiques ?

« C’est une attaque contre le Kosovo », a dénoncé la présidente, Vjosa Osmani. « Ces attaques prouvent s’il en était encore besoin le pouvoir de déstabilisation des gangs criminels, organisés par la Serbie, qui déstabilisent le Kosovo et la région depuis longtemps », a-t-elle écrit dans un communiqué. Plus tôt, son Premier ministre avait pointé le « soutien de responsables de Belgrade » au crime organisé.

Le président serbe, Aleksandar Vucic, a lui annoncé qu’il prendrait la parole dans l’après-midi pour « déboulonner tous les mensonges et théories du complot d’Albin Kurti, qui ne crée que le chaos et l’enfer » au Kosovo. L’Union européenne a condamné via un message sur X de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, « l’horrible attaque contre les officiers de police à Banjska dans le nord du Kosovo. Les responsables devront être jugés ».