Les Etats-Unis et l’aide à l’Ukraine sous la menace d’une paralysie budgétaire

divisions Face à la guerre interne au parti républicain, un nouveau « shutdown » de l’Etat fédéral risque de se produire le 30 septembre, compliquant l’allocation d’une nouvelle enveloppe de 24 milliards de dollars à l’Ukraine

P.B. avec AFP
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Le Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy, fait face à une nouvelle fronde d'élus républicains ultraconservateurs.
Le Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy, fait face à une nouvelle fronde d'élus républicains ultraconservateurs. — J. Scott Applewhite/AP/SIPA

Tous les ans ou presque, le même cirque recommence. Les Etats-Unis sont une nouvelle fois face à un danger d’impasse politico-financière : le Congrès risque de provoquer un « shutdown », une paralysie de l’Etat fédéral dans dix jours, faute de s’accorder sur un nouveau budget. Un blocage qui pourrait menacer une nouvelle tranche d’aide à l’Ukraine de 24 milliards de dollars demandée par Joe Biden, alors même que Volodymyr Zelensky se trouve aux Etats-Unis pour l’Assemblée générale de l’ONU et doit être reçu à la Maison Blanche jeudi.

Les parlementaires ont jusqu’au 30 septembre à minuit pour se mettre d’accord, sans quoi tous les financements des services fédéraux seront soudainement coupés. Ministères mais aussi parcs nationaux, certains musées et une multitude d’organismes seraient affectés, forçant des centaines de milliers d’employés au chômage technique.

Malgré les fortes divisions partisanes, la plupart des élus des deux camps ne veulent pas de cette situation qui est extrêmement impopulaire. Mais plusieurs élus trumpistes sont déterminés à jouer les trouble-fêtes, s’opposant pour le moment à chaque projet de loi en débat. « A moins de deux semaines de la fin de l’année fiscale, les républicains extrémistes de la Chambre des représentants jouent avec la vie des gens », a accusé la Maison Blanche dans un communiqué mardi.

Le casse-tête de Kevin McCarthy

Elu Speaker après 15 tours de scrutin, Kevin McCarthy continue de faire face à une guerre interne de ses troupes. Il a mis sur la table une rallonge budgétaire d’un mois, le temps de trouver un compromis, mais des élus ultraconservateurs du Freedom Caucus s’y opposent, réclamant des coupes bien plus sévères.

Cette semaine, 5 républicains ont même frondé, refusant de donner leur feu vert pour discuter à la Chambre d’un projet de loi de financement du Pentagone. Un camouflet pour McCarthy, qui reste sous la menace d’une motion de censure qui pourrait lui coûter sa tête. La guerre interne est désormais publique, avec des élus l’accusant d’être « soft » (faible).

L’aide à l’Ukraine incertaine

Si un « shutdown » est moins grave pour l’économie mondiale qu’un défaut sur la dette – évité de justesse l’été dernier – cette crise budgétaire pourrait avoir des répercussions directes sur la guerre en Ukraine : la Maison Blanche a réclamé que la loi de finances votée par les élus comprenne 24 milliards de dollars d’aide militaire et humanitaire pour Kiev. Une enveloppe soutenue par démocrates et républicains au Sénat, mais à laquelle une majorité des républicains de la Chambre, élus dans des districts trumpistes, sont radicalement opposés.

« Je ne voterai pas pour donner un seul centime pour la guerre en Ukraine », a déclaré l’élue Marjorie Taylor Greene, très proche de l’ancien président Donald Trump, sur X (ex-Twitter) mardi.

Au moment même où le président Zelensky vient aux Etats-Unis pour justifier la nécessité de rester ferme face à Poutine, les chefs républicains à la Chambre sont essentiellement en train de lui dire ''débrouille-toi'' », a dénoncé le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera en déplacement dans la capitale américaine jeudi pour de nouvelles discussions avec le président Joe Biden sur le soutien à Kiev contre l’invasion russe. Les Etats-Unis ont déjà accordé 113 milliards de dollars à l’Ukraine en 18 mois, soit environ les deux tiers du total de l’aide internationale.