Karabakh : Ce que l’on sait de l’offensive de l’Azerbaïdjan

conflit Emmanuel Macron a appelé l’Azerbaïdjan à « une cessation immédiate de l’offensive » qui a déjà fait au moins 32 morts

20 Minutes avec AFP
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La reprise des combats au Haut-Karabakh, le 19 septembre 2023, a fait au moins 29 morts en 24 heures.
La reprise des combats au Haut-Karabakh, le 19 septembre 2023, a fait au moins 29 morts en 24 heures. — Aik Arutunyan/SPUTNIK/SIPA

Trois ans après une guerre qui avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie, les combats entrepris mardi au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan ont déjà fait 32 morts et suscitent l’inquiétude de la communauté internationale. Que se passe-t-il sur le terrain ? Quelles sont les réactions internationales ? 20 Minutes fait le point pour vous.

Que s’est-il passé ?

Depuis mardi, les combats ont fait au moins 32 morts et plus de 200 blessés. « Il y a actuellement sept morts [dont deux enfants] et 35 blessés [dont 13 enfants] parmi la population civile », a précisé sur Facebook Anahit Manassian, responsable nommée par les autorités en charge de la protection des droits humains. De plus, environ 7.000 habitants de 16 localités ont été évacués. Le contingent de la paix russe a évacué plus de 2.000 civils des zones les plus dangereuses, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense qui précise que se trouvaient 1.049 enfants parmi eux.

L’Azerbaïdjan a de son côté rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Dans la ville de Choucha, un ouvrier du bâtiment est décédé à la suite d’éclats d’obus, et un autre civil est mort dans le district d’Agdam. Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des « tirs intensifs », qui visent aussi des infrastructures civiles.

Les affrontements ont lieu « sur toute la ligne de contact » de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l'« artillerie », à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions, ont-ils dit. L’Arménie a dénoncé une « agression de grande ampleur » à des fins de « nettoyage ethnique » et assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais. La mairie de la capitale du Nagorny Karabakh, Stepanakert, a appelé mercredi ses résidents à rester dans les abris et ne pas fuir, préconisant aux habitants de « rester dans les sous-sols et les abris anti-bombes ».

La voie diplomatique est-elle envisageable ?

Mardi soir, la présidence azerbaïdjanaise a appelé les troupes du Nagorny Karabakh - territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan majoritairement peuplé d’Arménien - à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations. « Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu’au bout », a-t-elle déclaré.

La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers « avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh », une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Avant cela, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations. « Le chef de l’Etat [azerbaïdjanais] a affirmé que les mesures antiterroristes seront interrompues si [les séparatistes arméniens] déposent les armes et sont désarmés », a répété la présidence azerbaïdjanaise dans un communiqué publié mercredi.

Comment le conflit s’est-il invité à l’ONU ?

La reprise du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’est invitée mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion « d’urgence » du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive « illégale » et « injustifiable » menée par Bakou. Cette réunion pourrait avoir lieu « dans les prochains jours », ont indiqué deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.

Mercredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté à un « arrêt immédiat des combats » au Nagorny Karabakh. Le chef de l’ONU a appelé « dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire », selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.

Quel rôle joue la Russie ?

La Russie a exhorté mercredi matin à « cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles », dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères. L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour « stopper l’agression azerbaïdjanaise ». Le conflit de 2020 avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Haut-Karabakh.

Quelles sont les autres réactions internationales ?

Les condamnations sont – presque – unanimes. Emmanuel Macron a condamné mardi « avec la plus grande fermeté le recours à la force par l’Azerbaïdjan » au Nagorny Karabakh et a appelé Bakou à « une cessation immédiate de l’offensive ». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé Bakou « à cesser immédiatement » son offensive et son homologue italien, Antonio Tajani, a appelé l’Azerbaïdjan à « cesser immédiatement son action militaire ». De son côté, le pape François a appelé à « faire taire les armes » et à ce que « tous les efforts nécessaires soient faits pour trouver des solutions pacifiques ».

Quant à la Turquie, qui a qualifié de « légitimes » les préoccupations ayant amené les Azerbaïdjanais à se lancer dans une action militaire, elle a également exhorté à la « poursuite du processus de négociations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie ».