Le G20 intègre l’Afrique mais patine sur le climat et l’Ukraine

Bilan Les 20 premières puissances mondiales n’ont pas su s’entendre sur une agression russe en Ukraine, ni sur des objectifs ambitieux sur le climat

20 Minutes avec AFP
« Et maintenant, on tourne, on tourne, on tourne! »
« Et maintenant, on tourne, on tourne, on tourne! » — Evan Vucci / POOL / AFP

Réunis en Inde, les dirigeants du G20 ont étalé leurs divisions. Car s’ils ont fait un geste pour l’Afrique invitée à intégrer leur club, ils n’ont pas réussi à s’entendre pour dénoncer une agression russe en Ukraine ou pour appeler à sortir des énergies fossiles. On vous résume la réunion en demi-teinte des 20 premières puissances mondiales.

Sur la guerre en Ukraine, la Russie épargnée

Concernant l’Ukraine, si la déclaration finale dénonce ainsi l'« emploi de la force » visant à obtenir des gains territoriaux, le texte ne fait pas mention explicitement d’une « agression » russe en Ukraine, expression pourtant utilisée en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali. « En ce qui concerne l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le G20 n’a pas de quoi être fier », a critiqué le porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères, Oleg Nikolenko.

La réduction des énergies fossiles n’est pas au programme

Sur le volet climat, les chefs d’Etat du G20 n’ont même pas réussi à mentionner qu’ils avaient un désaccord sur la réduction des énergies fossiles, comme l’avaient fait leurs ministres de l’Energie en juillet à Goa. Ils sont restés sur le langage employé l’an dernier à Bali, appelant à « accélérer les efforts vers la réduction de la production d’électricité à partir de charbon » non accompagnée de dispositifs de captage ou de stockage de carbone. Cela exclut de facto le gaz et le pétrole.

« C’est un terrible message envoyé au monde, en particulier aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, qui souffrent le plus du changement climatique », a déploré Friederike Roder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen. Le président brésilien Lula, dont le pays présidera le G20 en 2024, avait encore rappelé samedi l'« urgence climatique sans précédent » à laquelle le monde est confronté du fait d’un « manque d’engagement en faveur de l’environnement ».

Les pays du G20, qui sont responsables de 80 % des émissions de gaz à effet de serre, ont malgré tout déclaré leur soutien aux efforts visant à tripler la capacité mondiale en matière d'énergies renouvelables d’ici à 2030. Ils ont aussi averti que les investissements et le financement de la lutte contre le changement climatique devaient « augmenter de manière substantielle » pour aider les pays en développement à effectuer la transition verte.

L’Union africaine intégrée au G20

Le G20 peut toutefois se targuer d’un succès majeur en annonçant l’intégration de l’Union africaine, qui compte 55 membres (dont six suspendus) et totalise trois mille milliards de dollars de PIB. Le continent n’était jusque-là représenté au G20 que par un seul Etat, l’Afrique du Sud. L’entrée de l’Union africaine au G20 va offrir « une voix et une visibilité » à l’Afrique, partie du globe qui affiche aujourd’hui « la croissance la plus rapide », et lui permettra de faire valoir ses intérêts et ses points de vue au sein de l’instance, s’est ainsi félicité samedi le président kényan William Ruto.

« En tant que continent, nous nous réjouissons de faire davantage avancer nos aspirations sur la scène mondiale, en utilisant la plateforme du G20 », a aussi réagi sur X (anciennement Twitter) la présidence du Nigeria, également invitée à la réunion de Delhi. Le président du Conseil européen Charles Michel y a vu quant à lui un « important symbole d’inclusivité » et une « étape majeure pour le G20, pour l’Afrique, mais ce n’est pas la dernière étape ».