Syrie : Faute de volontaires, Paris stoppe les rapatriements collectifs de femmes de djihadistes

Terminé Le dernier rapatriement date de mardi, où 10 femmes et 25 enfants ont été extraits de camps de prisonniers djihadistes dans le nord-est de la Syrie

20 Minutes avec AFP
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Il n'y aura plus de rapatriements de femmes de djihadistes
Il n'y aura plus de rapatriements de femmes de djihadistes — Daneil Cole/AP/SIPA

Ce vendredi, Paris annonce cesser les rapatriements collectifs de femmes et d’enfants de djihadistes en Syrie, faute de volontaires.

« L’ensemble des mères ayant exprimé leur souhait de quitter la Syrie ayant été rapatriées, il n’y aura plus d’opération de ce type », a indiqué une source diplomate. Mardi, la France a rapatrié 10 femmes et 25 enfants de Syrie, quatrième opération de ce type en un an.

La France ne peut pas « rapatrier de force des personnes résidant à l’étranger, ni bien sûr leurs enfants », a expliqué vendredi la source diplomatique, précisant que 169 enfants et 57 femmes adultes ont été ramenés sur le territoire français depuis 2019.

80 Françaises ne souhaitent « pas rentrer »

« Certaines mères très radicalisées ont explicitement affirmé vouloir demeurer en Syrie », a expliqué la même source, sans pouvoir communiquer le nombre de personnes concernées. En mai, une source proche du dossier avait indiqué qu’environ 80 Françaises ne souhaitaient « pas rentrer ». Une autre source diplomatique n’a toutefois pas exclu la possibilité de rapatrier quelques femmes sur une base individuelle et de façon ciblée.

Ces Françaises s’étaient rendues volontairement dans les territoires contrôlés par les groupes djihadistes en zone irako-syrienne et avaient été capturées au moment de la chute de l’organisation Etat islamique (EI) en 2019. Tout adulte qui a rejoint la zone irako-syrienne et qui y est resté fait l’objet d’une procédure judiciaire.

La question de leur rapatriement est sensible dans de nombreux pays, particulièrement en France qui a été frappée par des attentats djihadistes, notamment en 2015, fomentés par l’EI. La France avait opté jusqu’à l’été 2022 pour un rapatriement ciblé d’enfants orphelins ou de mineurs dont les mères avaient accepté de renoncer à leurs droits parentaux. Puis en juillet 2022, elle avait procédé à la première opération de rapatriement collectif d’ampleur, avant celle d’octobre, puis de janvier dernier.

« Il reste dans ces camps une centaine d’enfants »

« Il reste dans ces camps une centaine d’enfants qui ne connaissent que la fange, les barbelés et la violence », a affirmé mardi Marie Dosé, avocate de familles de femmes et d’enfants retenus dans les camps du nord-est syrien.

Elle affirme que la France « a les moyens d’imposer le retour de ces enfants, qui peuvent tout à fait être conduits avec leurs mères au Kurdistan irakien en vue de leur expulsion vers la France, que ce retour soit ou non accepté par ces femmes ».



Le collectif des Famille unies, qui réunit des proches de Françaises détenues en Syrie, dénonce régulièrement des conditions de vie dans les camps « incompatibles avec le respect de la dignité humaine ».

Cette association exhorte aussi le gouvernement à prendre « dès à présent toutes les mesures nécessaires pour rapatrier l’intégralité des enfants français détenus en Syrie, ainsi que leurs mères ».