En Amérique latine, être un militant écologiste peut vous coûter la vie

climat Selon le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, « tous les deux jours, le meurtre d’un défenseur de l’environnement est signalé » dans le monde

C.d.S
— 
Des militants sociaux et environnementaux manifestent pour que justice soit rendue dans l'affaire de la mort du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert autochtone Bruno Pereira à l'aqueduc Arcos da Lapa à Rio de Janeiro, au Brésil, le 26 juin 2022.
Des militants sociaux et environnementaux manifestent pour que justice soit rendue dans l'affaire de la mort du journaliste britannique Dom Phillips et de l'expert autochtone Bruno Pereira à l'aqueduc Arcos da Lapa à Rio de Janeiro, au Brésil, le 26 juin 2022. — Bruna Prado/AP/SIPA

Edit du 13 septembre 2023 : Au moins 177 défenseurs de l'environnement ont été assassinés en 2022 dans le monde, dont une soixantaine en Colombie, pays le plus dangereux pour ces militants, selon le rapport annuel de l'ONG Global Witness publié mardi.

Militer pour sauver la planète est une activité particulièrement dangereuse en Amérique latine. « Si quelqu’un veut vous tuer, il suffit de payer 50 dollars à un tueur à gages », assure ainsi à El Pais le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst.

Interrogé par le quotidien espagnol sur les risques encourus par les activistes du climat, le rapporteur explique ainsi qu'« au Mexique, au Brésil, au Honduras et en Colombie » même si « les gouvernements ont mis en place des mécanismes de protection », « il y a toujours un endroit où l’on n’est pas protégé. » « Il est très dangereux d’être un militant écologiste en Amérique latine », résume-t-il.

Une collusion entre intérêts privés et publics

Selon l’ONG Global Witness, près de 2.000 militants pour le climat ont été tués au cours de la dernière décennie, rappelle le quotidien espagnol, mais il s’agit de « la partie émergée de l’iceberg », affirme Michel Forst. « En Amérique latine, dans certaines régions d’Afrique et aux Philippines, ces personnes sont tout simplement tuées.

« Tous les deux jours, le meurtre d’un défenseur de l’environnement est signalé », estime-t-il. Les intérêts de la planète peuvent parfois gêner certains intérêts publics ou privés, notamment « liés à la corruption, à la mafia et au narcotrafic », explique encore Michel Forst.