Troubles au Sénégal : Dakar ferme provisoirement ses consulats notamment à Paris et Bordeaux

TENSIONS Le Sénégal a connu du 1er au 3 juin d’importants troubles, après la condamnation à deux ans de prison de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs

20 Minutes avec AFP
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Troubles au Sénégal : Que s’est-il passé ? — 20 Minutes

C’est une décision qui va priver des centaines de milliers de Sénégalais de l’étranger des services consulaires comme l’assistance ou la délivrance de passeports. Le gouvernement sénégalais a annoncé mardi fermer provisoirement ses consulats généraux à l’étranger à la suite d’attaques contre un certain nombre d’entre eux sur fond de vives tensions sur le territoire national.

« Cette mesure conservatoire fait suite à la série d’agressions récemment perpétrées contre les missions diplomatiques et consulaires du Sénégal à l’étranger, notamment à Paris, Bordeaux, Milan et New York », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Il fait état de « sérieux dommages », notamment à Milan, en Italie, où les machines de production des passeports et cartes d’identité ont été selon lui détruites. Les consulats rouvriront « quand les conditions matérielles et sécuritaires le permettront ».

Au moins 16 morts lors des troubles

Le Sénégal a connu entre le 1er et le 3 juin ses pires troubles depuis des années après la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs. Cette condamnation d’une personnalité populaire dans la jeunesse et les milieux défavorisés le rend en l’état actuel inéligible pour la présidentielle de 2024.

L’opposant n’a cessé de crier au complot du pouvoir pour l’écarter de l’élection, ce que le pouvoir réfute. La condamnation a suscité des heurts qui ont fait au moins 16 morts et des dégâts considérables. Elle a donné lieu à des manifestations à l’étranger.

Le silence de Macky Sall

Le pouvoir et l’opposition se sont rejeté la faute des violences. Le camp présidentiel a invoqué les appels à « l’insurrection » lancés selon lui par Ousmane Sonko pour échapper à la justice. Il a dénoncé les troubles comme une entreprise de déstabilisation de l’Etat. L’ONG de défense des droits Human Rights Watch a pour sa part réclamé l’ouverture immédiate d’une enquête « indépendante et crédible » sur les violences.

Lundi, trois intellectuels sénégalais de renom, Mohamed Mbougar Sarr, Boubacar Boris Diop et Felwine Sarr, ont imputé les violences à « la dérive autoritaire » du président Macky Sall et au projet qu’ils lui prêtent de briguer un troisième mandat en 2024, malgré les objections constitutionnelles d’un grand nombre. Le chef de l’Etat a jusqu’à présent gardé le silence sur les évènements, malgré les appels à une prise de parole de sa part.