Hong Kong : La police arrête une militante prodémocratie lors du 34e anniversaire de Tiananmen
CONTESTATION MUSELÉE Pour étouffer toute tentative de commémoration, les autorités de Hong Kong ont déployé dimanche des policiers en nombre à l’occasion du 34e anniversaire de la répression sanglante de la place Tiananmen à Pékin
La police de Hong Kong a arrêté dimanche une figure éminente du mouvement prodémocratie hongkongais, Alexandra Wong, mieux connue sous le nom de « Mamie Wong », à l’occasion du 34e anniversaire de la répression de Tiananmen, selon des journalistes de l’AFP.
Alexandra Wong, avant d’être embarquée dans un fourgon de police, portait un bouquet de fleurs au moment de son arrestation dans le quartier central de Causeway Bay, où ont été organisées pendant longtemps des veillées à la chandelle en mémoire des victimes de Tiananmen. Un dirigeant d'un parti de l'opposition a également été arrêté.
Plusieurs arrestations
Pour étouffer toute tentative de commémoration, les autorités de Hong Kong ont déployé dimanche des policiers en nombre à l’occasion du 34e anniversaire de la répression sanglante de la place Tiananmen à Pékin.
A la veille de cet anniversaire, la police avait déjà massivement pris position dans le parc Victoria et ses alentours, arrêtant samedi plusieurs artistes de rue dont certains ne semblaient rien faire de particulier. Comme l’artiste performeuse Chan Mei-Tung, fouillée et interpellée alors qu’elle se promenait dans le quartier. Ou un autre artiste, Sanmu Chen qui a, lui, choisi une méthode moins discrète et chanté en boucle : « N’oubliez pas le 4 juin ! Peuple de Hong Kong, n’ayez pas peur d’eux ! »
Quatre personnes ont été arrêtées pour « conduite désordonnée sur la voie publique » et pour « actes à des fins séditieuses », et quatre autres pour « trouble à l’ordre public », a annoncé samedi soir la police.
Une loi pour museler toute dissidence
Pendant plus de 30 ans, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies chaque année dans le parc Victoria à Hong Kong pour une veillée aux chandelles en mémoire des victimes de Tiananmen à Pékin. Mais en 2020 Pékin a imposé une loi sur la sécurité nationale dans l’ex-colonie britannique pour museler toute dissidence après les gigantesques manifestations pro démocratie de 2019. Depuis, les autorités de Hong Kong ont mis fin aux veillées qui n’ont jamais été autorisées en Chine continentale.
Cette année, le rassemblement géant du parc dans le quartier central de Causeway Bay a été remplacé par une foire commerciale consacrée à des produits en provenance de la Chine continentale et organisée jusqu’à lundi par des groupes pro-Pékin pour célébrer le 26e anniversaire de la rétrocession de Hong Kong à la Chine.
« Hong Kong est une ville différente aujourd’hui », estime Mme Wong, 53 ans, qui n’accepte de donner que son nom de famille, tout en faisant l’éloge de la foire prochinoise.
Hong Kong, restitué à la Chine par le Royaume-Uni en 1997, a ainsi longtemps été la seule ville chinoise à organiser une veillée aux chandelles en mémoire de Tiananmen. C’était d’ailleurs un indicateur clé des libertés et du pluralisme politique que lui conférait son statut de territoire semi-autonome.
Effacer le souvenir
En Chine continentale, toute trace des événements de Tiananmen a été effacée par les autorités. Les manuels d’histoire n’en font pas mention, les discussions en ligne sur ce sujet sont systématiquement censurées.
En témoigne la mésaventure de l’ambassade britannique à Pékin qui a posté dimanche sur les réseaux sociaux une Une datant du 4 juin 1989 du « Quotidien du Peuple », l’organe de propagande officielle du Parti communiste chinois, qui décrivait l’afflux des blessés dans les hôpitaux à la suite de la répression. « En l’espace de vingt minutes, les censeurs ont supprimé notre post de Weibo (réseau social chinois) », a tweeté dimanche l’ambassade du Royaume-Uni.
Cette année, la police chinoise surveille également un site emblématique du rare mouvement d’hostilité envers le régime de Xi Jinping qui a éclaté à l’automne dernier.