Conflit au Soudan : Encore des civils tués dans un bombardement, Washington durcit le ton

guerre civile La Maison Blanche annonce des sanctions contre « les acteurs qui entretiennent la violence »

20 Minutes avec AFP
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Des habitants rassemblés devant un centre médical criblé de balle sur un souk de Khartoum, la capitale.
Des habitants rassemblés devant un centre médical criblé de balle sur un souk de Khartoum, la capitale. — AFP

Comme les autres, la énième trêve annoncée au Soudan a fait long feu. Une vingtaine de civils ont trouvé la mort mercredi dans un bombardement attribué à l’armée sur un marché de Khartoum, la capitale, entraînant ce jeudi un durcissement de ton du côté de la Maison Blanche. Lundi soir, l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo avaient pourtant accepté une nouvelle trêve. En réaction à cette nouvelle violation d’un cessez-le-feu, Washington a annoncé des sanctions économiques et des restrictions de visas « contre les acteurs qui entretiennent la violence » au Soudan, sans toutefois les nommer.



« Les sanctions sont un outil », convient le chercheur Alex de Waal. Mais le Soudan, sous sanctions américaines durant deux décennies, représente « un cas classique de sanctions qui n’ont jamais rien résolu », poursuit-il. Car les deux généraux en guerre sont insaisissables : le général Daglo passe pour l’un des hommes les plus riches du Soudan grâce à son empire de mines d’or et le général Burhane, comme tous ses pairs, a développé sous l’embargo des techniques pour contourner les sanctions internationales.

Plus de 1.800 morts et plus d’un million de déplacés

Après le bombardement sur le marché de Khartoum, le « comité de résistance », qui organise l’entraide entre les habitants du quartier, a dénoncé une « situation catastrophique », lançant un appel « urgent » pour « des médecins et des dons de sang ». Au même moment, les FSR tiraient sur des civils « qui voulaient les empêcher de voler la voiture de l’un d’eux », indique le comité. « Trois civils sont morts après avoir été touchés par des balles et empêchés par les FSR d’aller à l’hôpital ».

Les combats ont fait plus de 1.800 morts selon l’ONG ACLED, et plus d’un million de personnes, principalement des Soudanais mais aussi des réfugiés au Soudan, sont déplacés dans le pays. En outre, plus de 350.000 personnes ont fui dans les pays voisins. Plus de 100.000 personnes sont au Tchad, selon l’ONU, chassés par les combats meurtriers au Darfour, de l’autre côté de la frontière, dont des régions entières sont totalement coupées du monde, sans électricité ni téléphone. Dans cette région, de nouveaux appels à armer les civils font redouter une « guerre civile totale », selon le bloc civil évincé du pouvoir par le putsch de 2021 des deux généraux alors alliés.

Une aide humanitaire empêchée

Selon l’Unicef, plus de 13,6 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire au Soudan, dont « 620.000 en état de malnutrition aiguë qui, pour moitié, pourraient mourir s’ils ne sont pas aidés à temps ». Pourtant, aucun couloir n’a été dégagé pour l’aide humanitaire. Les rares cargaisons qui ont pu être acheminées ne couvrent qu’une infime partie des immenses besoins.

Jeudi, la directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, a dénoncé « l’attaque de ses entrepôts à El-Obeid », à 350 km au sud de Khartoum, menaçant des stocks de nourriture « vitaux » pour « 4,4 millions de personnes ». Déjà avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim, les longues coupures d’électricité étaient quotidiennes et le système de santé au bord de l’écroulement.