Afrique du Sud : En cavale depuis un an, « le violeur Facebook » enfin remis en prison
Traque En mai 2022, Thabo Bester avait réussi à berner les autorités en faisant croire à sa mort en prison
Il s’était évadé en laissant un cadavre calciné dans sa cellule pour faire croire à sa propre mort. Le meurtrier et violeur sud-africain Thabo Bester a été rattrapé et remis en prison jeudi dernier. Mais l’affaire rocambolesque reste embarrassante pour les autorités. Pourquoi les services pénitentiaires ont-ils mis plusieurs heures avant d’intervenir le jour de l’évasion ? Pourquoi la police n’avait-elle pas l’ADN du violeur au moment de l’identification des restes carbonisés ? Et enfin pourquoi le public n’a-t-il pas été informé qu’un criminel en série était dans la nature ?
En mai 2022, un corps d’homme carbonisé est trouvé dans la cellule de Thabo Bester à Bloemfontein. Surnommé « le violeur Facebook » car il attirait la plupart de ses victimes en se faisant passer pour un recruteur de mannequins, il avait été condamné en 2012 à la prison à vie pour meurtre et viols.
Le corps calciné n’est pas le sien
Dans un premier temps, les autorités pénitentiaires croient qu’il s’est immolé par le feu. En réalité, le détenu trentenaire s’est évadé dans des circonstances qui restent à éclaircir. Fin mars, soit près d’un an après l’évasion, la police révèle que selon des tests ADN, la dépouille dans sa cellule n’est pas la sienne.
Samedi, le gouvernement sud-africain a annoncé que le criminel en fuite avait été interpellé dans la région d’Arusha (Tanzanie), près de la frontière kényane, alors qu’il tentait de quitter le pays avec sa compagne sud-africaine et un complice mozambicain.
Sous étroite surveillance
Ils détenaient chacun plusieurs passeports, a précisé jeudi le ministre de la Police, Bheki Cele. Dans la nuit de mercredi à jeudi, le couple extradé est arrivé dans un aéroport des environs de Johannesburg. Thabo Bester a été « réincarcéré » dans une prison à sécurité maximale de Pretoria où il sera surveillé « 24 h/24 et 7 jours/7 », selon un responsable pénitentiaire. Sa compagne, Nandipha Magudumana, a été présentée au tribunal dans l’après-midi. Elle doit se représenter ce lundi.
Une commission parlementaire s’est penchée sur l’affaire jeudi, en interrogeant responsables de la police et des prisons. La série de défaillances dans l’affaire qui tient le pays en haleine depuis plusieurs semaines est un concentré des maux du pays : criminalité affolante, enquête bâclée, police impuissante.
Un véritable fiasco
« L’enquête a pris pas mal de temps », a expliqué un policier. « Nous ne connaissons toujours pas l’identité de la personne décédée dont le corps calciné a été retrouvé dans la cellule », a reconnu un autre. La police n’a ouvert une nouvelle enquête pour meurtre que le mois dernier après qu’une autopsie a révélé que l’homme mort trouvé dans la cellule de Bester avait succombé à un traumatisme crânien avant d’être brûlé. L’annonce de l’évasion a été « lamentablement tardive », a reconnu l’ancien juge chargé à l’époque d’inspecter les services pénitentiaires, Edwin Cameron.
« Cette histoire ressemble à un film et fait froid dans le dos », avait réagi Bafana Khumalo, codirectrice d’une association féministe. Elle « témoigne de l’incompétence de l’administration pénitentiaire et de la corruption endémique de ce secteur », a dénoncé de son côté l’EFF, parti radical d’opposition.