La Thaïlande veut mettre un terme à l’importation de certains déchets plastiques
POLLUTION Des pays occidentaux exportent leurs déchets vers l’Asie du Sud-Est plutôt que de les traiter sur leurs sols
La Thaïlande ne veut plus être une destination de voyage pour les déchets du Japon ou des Etats-Unis… Le royaume va interdire en 2025 l’importation de certains déchets plastiques afin de lutter contre la pollution, a annoncé le gouvernement.
« En 2024, l’importation de déchets plastiques sera réduite à 50 % des capacités de production » actuelles, a déclaré mardi la porte-parole adjointe du gouvernement, Tipana Sirichana. « A partir de la fin 2024, la Thaïlande n’importera plus de déchets plastiques pour éviter la pollution », a-t-elle assuré depuis Bangkok, à la sortie de la réunion des ministres.
Le pays appartient aux plus gros importateurs de déchets plastiques au monde, avec la Malaisie, le Vietnam, la Turquie ou l’Indonésie, où terminent les ordures de pays plus développés. De janvier à novembre 2022, la Thaïlande a ainsi importé plus de 163.000 tonnes de déchets plastiques, la moitié provenant du Japon et des Etats-Unis, selon des données officielles.
Insuffisant, selon des ONG
Des ONG de protection de l’environnement ont pointé du doigt une décision qui allait dans le bon sens, mais qui manquait d’englober la totalité de la question. Les autorités se basent sur une définition limitée, qui ne prend pas en compte les résines plastiques par exemple, a expliqué Tara Buakamsri, directeur Thaïlande pour Greenpeace. « Ce n’est pas une interdiction d’importation de tous les déchets plastiques », a-t-il insisté.
« C’est un pas en avant (…) mais pas une solution complète. Les agences gouvernementales et la société civile doivent continuer à surveiller si des plastiques sont toujours importés » par d’autres canaux, a expliqué Punyathorn Jeungsmarn, de l’ONG environnementale EARTH. Les conteneurs de déchets ne sont pas « pas toujours complètement inspectés » dans les ports, créant des failles qui profitent au marché noir, a rappelé l’activiste.
Le marché mondial du recyclage a été bouleversé par la décision de la Chine de fermer sa porte à la majorité des types de déchets plastiques en 2018. L’Asie du Sud-Est est devenue une destination privilégiée, mais elle n’a pas les capacités pour traiter cet afflux de déchets qui termine le plus souvent dans la nature.