Un Américain exécuté pour un quadruple meurtre qu'il a nié jusqu'au bout

états-UNIS Le gouverneur du Missouri et la Cour suprême ont rejeté une demande de clémence, malgré les doutes soulevés par l’association Innocence Project

20 Minutes avec AFP
— 
Leonard Taylor est accusé du meurtre de sa petite amie et des trois enfants de cette dernière.
Leonard Taylor est accusé du meurtre de sa petite amie et des trois enfants de cette dernière. — /AP/SIPA

Les témoignages contradictoires n'auront rien changé. Leonard Taylor, un Afro-Américain de 58 ans condamné à la peine capitale pour un quadruple meurtre qu’il a nié jusqu'au bout, a été exécuté mardi soir. Ses avocats avaient introduit un ultime recours devant la Cour suprême des Etats-Unis, en vain.

L’association Innocence Project, qui lutte contre les erreurs judiciaires et défend Leonard Taylor, assure pourtant que le témoignage incriminant de son frère avait été obtenu sous la contrainte et qu’il s’était ensuite rétracté. Ses avocats ont introduit dernièrement un témoignage de sa fille qui assure qu’il était en Californie avec elle au moment des meurtres, sans réussir à obtenir une réouverture du dossier.

Rétractation du frère

Leonard Taylor a été condamné à la peine capitale en 2008 pour le meurtre de sa petite amie et des trois enfants de cette dernière, âgés de 5 à 10 ans. Ils avaient été retrouvés morts dans leur maison, chacun une balle dans la tête, le 3 décembre 2004. D’après les médecins légistes, ils étaient décédés depuis quelques jours.

Leonard Taylor a toujours soutenu qu’ils étaient encore en vie le 26 novembre, quand il avait quitté le domicile, situé à Jennings dans le Missouri, pour prendre un vol en direction de la Californie, à l’autre bout du pays.

Lors du procès, les procureurs avaient assuré qu’il avait avoué les meurtres à son frère et fait disparaître son arme devant un témoin, et les jurés l’avaient déclaré coupable. Mais son frère, qui est depuis décédé, s’était ensuite rétracté, affirmant avoir été harcelé et menacé par la police.

Une chronologie complexe

Deux témoignages mettent à mal la chronologie des enquêteurs. La soeur de la victime avait affirmé qu’elle s’était rendue au domicile de cette dernière le samedi 27 novembre, après le départ de Leonard Taylor pour la Californie, et que sa soeur était encore vivante. Une tante avait également certifié avoir parlé avec sa nièce et ses enfants au téléphone ce jour-là. Un appel que la compagnie privée de téléphone fixe n’a pas confirmé, mais cette entreprise n’archive pas tous les appels.

Au procès, les procureurs avaient certifié que la soeur et la tante s’étaient mélangées dans les dates. Ils avaient présenté un test attestant de la présence d’une infime trace de sang sur les lunettes de soleil de Leonard Taylor. Mais il s’agissait d’un test préliminaire qui n’est pas fiable à 100 %, et un test complémentaire n’avait pas pu être réalisé. Un test ADN avait ensuite identifié la présence, également sur les lunettes, d’une trace partielle pouvant appartenir à la compagne de Leonard Taylor, sans toutefois pouvoir déterminer qu’elle venait de son sang. Une arme avait été localisée sur les indications d’un témoin, et des balles du même calibre retrouvées sur la scène du crime et dans la voiture de Leonard Taylor.

Le médecin légiste, qui avait dans un premier temps daté les décès à une période allant de quelques jours à une semaine, au maximum, avant la découverte des corps – ce qui excluait Leonard Taylor – avait ensuite changé son estimation. Le légiste, qui est décédé depuis, avait expliqué avoir mal pris en compte la climatisation réglée à 10 °C qui pouvait avoir ralenti le processus de décomposition des cadavres.

Malgré ces incertitudes, le gouverneur du Missouri Mike Parson a rejeté la demande de clémence de Leonard Taylor, lundi. « Les preuves montrent que Taylor a bien commis ces atrocités, un jury l’a déclaré coupable et les tribunaux ont tous confirmé la peine », a justifié l’élu républicain dans un communiqué.