Brésil : L’ancien porte-avions français « Foch » va être coulé avec tout son amiante et ses déchets toxiques

« CRIME ENVIRONNEMENTAL » Le sort du porte-avions construit dans les années 1950 a fait l’objet d’une véritable saga

20 Minutes avec agences
Le porte-avions Le Foch, de construction française.
Le porte-avions Le Foch, de construction française. — TSCHAEN/SIPA

Le porte-avions Foch va être coulé dans l’Atlantique en raison de la détérioration de sa coque, ont annoncé les autorités brésiliennes. Ancien fleuron de la marine française, le bâtiment naval était passé sous pavillon brésilien en 2000.

Le projet a été qualifié de « crime environnemental » par des ONG. La vieille coque de 266 m de long est en effet remplie d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques. L’association Robin des Bois a qualifié le porte-avions de « colis toxique de 30.000 tonnes ».



Trop de risques avec un remorquage

La marine brésilienne estime qu’il n’y a pas d’autre choix vu son état très dégradé. Un « naufrage spontané » de la coque est inéluctable à terme, selon elle. « Face aux risques qu’implique le remorquage […], la seule solution est d’abandonner la coque en la coulant de façon contrôlée », a expliqué la marine ce mercredi dans un communiqué conjoint avec le ministère de la Défense.

Une zone située à quelque 350 km au large des côtes du Brésil, avec 5.000 m de profondeur, a été considérée comme « la plus sûre » pour ce sabordage. Mi-janvier, la marine avait annoncé avoir pris en remorque l’ancien porte-avions dans l’Atlantique. Il était jusque-là tracté par un remorqueur néerlandais.

Négligence de la marine brésilienne, selon les ONG

La marine avait précisé que pour des raisons écologiques, elle n’autoriserait pas son retour dans un port ou dans les eaux brésiliennes. Plusieurs ONG avaient alors fait part de leur crainte de voir le Brésil commettre un « crime environnemental ». Le parquet fédéral a demandé à la justice d’interdire à la marine brésilienne de couler le porte-avions mais cette requête a été rejetée ce mercredi.

« La marine brésilienne devrait être condamnée pour négligence », a déclaré le directeur du Basel Action Network (BAN). « S’ils coulent cette embarcation hautement toxique au milieu de l’Atlantique, ils vont violer sans aucune bonne raison trois traités environnementaux internationaux. »

Une véritable saga marine mondiale

Construit à la fin des années 1950 à Saint-Nazaire, le Foch a été pendant trente-sept ans au service de la marine française. Capable de catapulter des avions de 12 à 15 tonnes, il a été acheté en 2000 par le Brésil. En raison de sa vétusté et d’une série de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et alors que sa modernisation aurait coûté trop cher, Brasilia a décidé de s’en défaire.

Un chantier l’a acheté pour sa ferraille en avril 2021 mais menaçait de l’abandonner, faute de trouver un port pour l’accueillir. En juin 2022, il a été autorisé à le convoyer jusqu’en Turquie en vue de son démantèlement. Mais alors que le porte-avions se trouvait fin août dans le détroit de Gibraltar, les autorités environnementales turques ont fait savoir qu’il n’était plus le bienvenu.



Le Brésil lui a fait faire demi-tour, constatant que le trajet avait provoqué une « aggravation des dommages » au niveau de la coque. Le 19 janvier, le remorqueur s’est éloigné des côtes brésiliennes mais une décision de justice lui interdisait de naviguer dans les eaux internationales sans autorisation préalable du Brésil. C’est pourquoi c’est la marine qui a fini par intervenir dans l’affaire.