Iran : Téhéran utilise la peine de mort pour effrayer la population, fustige l’ONU

Régime de terreur « L’utilisation comme arme des procédures criminelles pour punir les personnes qui exercent leurs droits élémentaires (…) confine au meurtre d’Etat », tance l’ONU

20 Minutes avec AFP
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Manifestation à Lyon, de la place Bellecour à la place des Terreaux, en hommage à Mohammad Moradi, l'étudiant iranien qui s'est suicidé le 26 décembre en se jetant dans le Rhône, pour alerter la communauté internationale sur la situation en Iran.
Manifestation à Lyon, de la place Bellecour à la place des Terreaux, en hommage à Mohammad Moradi, l'étudiant iranien qui s'est suicidé le 26 décembre en se jetant dans le Rhône, pour alerter la communauté internationale sur la situation en Iran. — KONRAD K./SIPA

C’est un stratagème qui confine au « meurtre d’Etat ». Téhéran utilise les condamnations à la peine de mort contre des manifestants pour effrayer la population iranienne et faire taire la contestation, a critiqué ce mardi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits humains, Volker Türk. « L’utilisation comme arme des procédures criminelles pour punir les personnes qui exercent leurs droits élémentaires, comme ceux qui participent ou organisent les manifestations, confine au meurtre d’Etat », critique Volker Türk dans un communiqué.

Ces exécutions sont « des privations arbitraires de la vie », a insisté Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-Commissariat, qui par principe est opposé à la peine de mort, lors d’un point de presse à Genève. Téhéran a déjà exécuté quatre personnes accusées d’avoir pris part aux manifestations qui secouent le pays depuis quatre mois et la mort d’une jeune femme accusée de mal porter le voile par la police des mœurs.

« Le respect et la protection des droits des femmes »

Deux autres exécutions sont imminentes - celle de Mohammad Boroughani, 19 ans, et celle de Mohammad Ghobadlou, 22 ans - et au moins 17 autres auraient été condamnées à mort, a souligné le Haut-Commissariat dans un communiqué.

« Le gouvernement iranien servirait mieux ses intérêts et ceux de son peuple en écoutant leurs griefs et en entreprenant les réformes juridiques et politiques nécessaires pour garantir le respect de la diversité d’opinion, les droits à la liberté d’expression et de réunion, et le respect et la protection des droits des femmes dans tous les domaines de la vie », insiste encore le Haut-Commissaire.

Durcissement de la loi sur le voile

« Je réitère une fois de plus mon appel au gouvernement iranien pour qu’il respecte la vie et la voix de son peuple, qu’il impose un moratoire immédiat sur la peine de mort et qu’il mette fin à toutes les exécutions », a ajouté Volker Türk.

« L’Iran doit prendre des mesures sincères pour se lancer dans les réformes requises et exigées par son propre peuple pour le respect et la protection de ses droits humains », a-t-il souligné. Selon une agence locale, l’autorité judiciaire iranienne veut faire appliquer de nouveau une loi prévoyant de sévères sanctions, comme l’exil, pour les personnes qui ne respecteraient pas l’obligation du port du voile.