Pérou : Au moins 17 morts lors d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre
VIOLENCES Le Pérou fait face à une crise politique majeure depuis la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président Pedro Castillo
La crise politique au Pérou continue de s’enfoncer dans le tragique, notamment dans la région aymara, un peuple amérindien, de Puno. Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants réclamant le départ de la présidente Dina Boluarte ont fait au moins 17 morts lundi à Juliaca, lors d’une tentative d’invasion de l’aéroport de la ville, dans le sud-est du pays, a annoncé le Défenseur du peuple (médiateur local).
Les protestataires réclament la démission de Dina Boluarte - arrivée à la tête du pays après la destitution du socialiste Pedro Castillo –, un nouveau Parlement et la tenue immédiate d’élections, déjà avancées de 2026 à avril 2024. « Nous avons confirmé 17 décès aujourd’hui à Puno lors d’affrontements avec les forces de l’ordre dans les environs de l’aéroport de Juliaca », a déclaré une source du bureau du médiateur, faisant également état de plus d’une trentaine de blessés.
Plus de 9.000 personnes ont attaqué l’aéroport
Les victimes présentent des blessures par balle, a déclaré un responsable de l’hôpital Carlos Monge de Juliaca où elles ont été emmenées. Les affrontements ont éclaté alors que les manifestants tentaient d’envahir l’aéroport de Juliaca, situé à environ 1.300 km au sud de Lima, dans la région de Puno. Cet aéroport avait déjà fait l’objet d’une tentative d’assaut samedi.
« Aujourd’hui, plus de 9.000 personnes se sont approchées de l’aéroport de Juliaca et environ 2.000 d’entre elles ont lancé une attaque sans merci contre la police et les installations, utilisant des armes improvisées », a déclaré à la presse le président du Conseil des ministres péruvien Alberto Otarola, évoquant une « situation extrême ».
Un mois de protestation
« Messieurs les policiers nous ont tiré dessus », a raconté un manifestant. « Nous demandons à Madame Dina qu’elle démissionne. Accepte le fait que le peuple ne t’aime pas ! » a-t-il lancé. « Ce qui se déroule est un massacre entre Péruviens, je demande le calme, ne vous exposez pas », s’est exclamé le maire de Juliaca, Oscar Caceres, dans un appel passé à la population sur la radio locale La Decana.
Ces nouveaux décès portent à 39 personnes le nombre de personnes mortes au cours des manifestations antigouvernementales en près d’un mois de protestations au Pérou, pays plongé dans une grave crise institutionnelle et politique. La région de Puno, frontalière avec la Bolivie, est l’épicentre des protestations dans le pays. Une grève illimitée y a lieu depuis le 4 janvier. Il s’agit également du point de départ d’une marche organisée par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans, dont l’arrivée dans la capitale Lima est prévue aux environs du 12 janvier.