Iran : Deux nouvelles exécutions en lien avec les manifestations

Répression Les deux hommes ont été reconnus coupables d’avoir tué un paramilitaire lors de manifestations

20 Minutes avec AFP
Mohammad Mahdi Karami and Seyyed Mohammad Hosseini, les deux Iraniens exécutés ce samedi, sur des images de la télévision d'Etat.
Mohammad Mahdi Karami and Seyyed Mohammad Hosseini, les deux Iraniens exécutés ce samedi, sur des images de la télévision d'Etat. — AFP

La justice iranienne a annoncé la pendaison samedi de deux hommes reconnus coupables d’avoir tué un paramilitaire lors des manifestations déclenchées par le décès en détention de la jeune irano-kurde Mahsa Amini. Ces pendaisons portent à quatre le nombre d’exécutions depuis le début du mouvement de contestation en Iran à la mi-septembre.

« Mohammad Mehdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini, les principaux auteurs du crime qui a conduit au martyre de Rouhollah Ajamian, ont été pendus ce matin » samedi, a indiqué l’agence de l’autorité judiciaire Mizan Online. Les deux hommes étaient accusés d’avoir tué ce membre de la milice des Bassidji, liée aux Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique d’Iran, le 3 novembre à Karaj, à l’ouest de Téhéran. Un tribunal en première instance les avait condamnés à mort le 4 décembre et la Cour suprême d’Iran avait confirmé le 3 janvier leurs peines, une justice qualifiée d' « expéditive » par des ONG de défense des droits humains.

Quatorze condamnations à mort depuis le début de la contestation

Depuis le début du mouvement de contestation, la justice a condamné à mort 14 personnes en lien avec les manifestations, selon un décompte de l’AFP basé sur des informations officielles. Parmi elles, quatre ont été exécutées, deux ont vu leur peine confirmée par la Cour suprême, six attendent de nouveaux procès et deux autres peuvent faire appel. Des militants assurent que des dizaines d’autres personnes font face à des accusations passibles de la peine de mort.



L’Iran a été secoué par des manifestations depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre à la suite de son arrestation pour violation du code vestimentaire strict du pays pour les femmes. Les responsables iraniens dénoncent en général des « émeutes », attisées selon eux par des pays étrangers et des groupes d’opposition, et affirment que des centaines de personnes ont été tuées dans les troubles, parmi lesquelles des membres des forces de sécurité. Environ 14.000 personnes ont par ailleurs été arrêtées, selon l’ONU.

Un champion de karaté

Mi-décembre, le père de Mohammad Mehdi, Mashallah Karami, avait diffusé une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle il implorait les autorités d’annuler la peine de mort contre son fils. Il y décrivait son fils comme un membre de l’équipe nationale de karaté ayant gagné des compétitions en Iran.

Mashallah Karami a indiqué à des médias locaux que l’avocat de la famille n’avait pas pu avoir accès au dossier de son fils. Cet avocat, Me Mohmmed Aghasi, a déploré samedi sur Twitter que Karami n’avait pas pu voir une dernière fois sa famille avant son exécution.