Etats-Unis : Les républicains se déchirent, l’élection de Kevin McCarthy au poste de Speaker dans l’impasse
POKER La séance a été levée après trois tours de scrutin, mardi, et les républicains vont tenter de négocier en coulisses avant de revenir voter pour élire le président de la Chambre mercredi
Cela faisait 100 ans que ça n’était pas arrivé. La famille républicaine s’est déchirée à la Chambre, mardi, avec des élus conservateurs qui n’ont pas réussi à élire Kevin McCarthy au poste de Speaker après trois tours de scrutin, avec une vingtaine de frondeurs. La séance a été levée et les tractations ont repris en coulisses, avant un 4e tour prévu mercredi midi. L’impasse pourrait durer : en 1856, il avait fallu deux mois et 133 votes pour qu’un Speaker soit élu.
1er tour : 19 républicains frondeurs
Avec 222 élus républicains, Kevin McCarthy ne pouvait perdre que 4 voix. Mais 19 l’ont défié au 1er tour, votant pour le candidat de l’aile droite du parti, Andy Biggs, ou un autre élu. Les démocrates, eux, ont tous serré les rangs, avec 212 voix pour Hakeem Jeffries, qui succède à Nancy Pelosi pour mener son parti à la Chambre.
2e tour : Rebelotte, avec 19 votes pour Jim Jordan
On a vu McCarthy en intenses discussions avec Jim Jordan. Dans cette partie de poker menteur, Jordan, représentant de l’Ohio, a joué les bons soldats, tentant de rallier ses troupes derrière McCarthy lors d’un discours enflammé. Mais dans la foulée, Matt Gaetz a nommé… Jim Jordan, accusant Kevin McCarthy d’avoir « vendu » son âme aux lobbyistes. Same player lose again : les 19 frondeurs ont tous voté pour Jordan.
3e tour : McCarthy lâché par un républicain de plus
On prend les mêmes et on recommence. Le patron de la majorité républicaine, Steve Scalise, a bien tenté de sortir le fouet, en vain. Non seulement McCarthy n’a pas gagné de voix supplémentaire, il en a même perdu une, avec l’élu du Texas Byron Donalds, qui a, cette fois, voté pour Jim Jordan. Après une demi-heure de flottement, la séance a été levée jusqu’à mercredi midi (18 heures, heure de Paris).
« Je mérite » d’être Speaker
Depuis les élections de la mi-mandat de novembre, McCarthy a cajolé les élus trumpistes du Freedom caucus, un groupe d’une trentaine de parlementaires ultra-conservateurs. Il a fait de multiples concessions, notamment en promettant qu’il n’y aurait pas de « chèque en blanc » à l’Ukraine et qu’une commission parlementaire enquêterait sur Hunter Biden.
Le ton est monté lors d’une réunion de la dernière chance, mardi matin. Selon les médias américains, McCarthy a refusé leurs ultimes demandes, criant : « Je mérite » le poste de Speaker. En théorie, une coalition entre les démocrates et les républicains modérés autour d’un candidat centriste est possible… Mais peu probable vu les divisions actuelles à Washington.