Cuba : Les Etats-Unis confrontés à une vague migratoire cubaine sans précédent

Immigration Depuis le 1er décembre 2021, les autorités américaines estiment avoir réalisé plus de 270.000 interpellations de Cubains tentant d’entrer illégalement aux Etats-Unis

20 Minutes avec AFP
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Le 9 octobre 2022, Magdalena Avila de Cuba (à genoux à gauche) et d'autres migrants clandestins attendent d'être traitées par des agents des douanes et de la patrouille frontalière des États-Unis après avoir franchi illégalement la frontière sud des États-Unis avec le Mexique à Eagle Pass, au Texas.
Le 9 octobre 2022, Magdalena Avila de Cuba (à genoux à gauche) et d'autres migrants clandestins attendent d'être traitées par des agents des douanes et de la patrouille frontalière des États-Unis après avoir franchi illégalement la frontière sud des États-Unis avec le Mexique à Eagle Pass, au Texas. — Allison Dinner/AFP

Désespérés, les Cubains sont de plus en plus nombreux à tenter par tous les moyens de rejoindre les Etats-Unis, dans ce qui s’apparente être à la plus large vague migratoire de l’histoire en provenance de l’île des Caraïbes. Depuis le 1er décembre 2021, les autorités américaines estiment avoir réalisé plus de 270.000 interpellations de Cubains tentant d’entrer illégalement aux Etats-Unis, soit près de 2,5 % de la population de l’île.

Le nombre de tentatives est bien supérieur aux précédentes grandes vagues : celle de Mariel en 1980, qui avait vu 125.000 personnes tenter la traversée, et la crise des « Balseros » (ou boat people) de 1994, avec environ 34.000 personnes, souligne Jorge Duany, directeur de l’Institut des recherches cubaines de l’Université internationale de Floride.

Passer par le Nicaragua, moins dangereux mais plus cher

Plutôt que les 150 kilomètres de traversée en bateau, certains Cubains débutent leur odyssée par un vol vers le Nicaragua, allié du régime cubain vers lequel les visas ne sont pas nécessaires et devenu la première étape du voyage vers les Etats-Unis pour la majorité des Cubains prenant la route de l’exil. Après, ces exilés, par le biais de réseaux de passeurs, remontent jusqu’aux Etats-Unis à de forts prix.

Pour exemple, David Gonzalez, un coiffeur cubain ayant passé la frontière américaine en passant par le Nicaragua, a payé 7.000 dollars pour son voyage : 3.500 pour le vol puis autant pour payer les passeurs qui l’ont amené jusqu’aux Etats-Unis. Une somme importante alors que le salaire mensuel moyen cubain est de 3.768 pesos, soit environ 157 dollars.



Depuis deux mois, 3.724 embarcations ont été interceptées

Ceux qui n’ont pas les moyens de payer pour passer par le Nicaragua tentent la traversée entre Cuba et la Floride, à bord d’embarcations précaires. Le jour de Noël, les gardes-côtes américains ont ainsi intercepté une quinzaine de petits navires près de l’archipel des Keys, à l’extrême-sud de la Floride, où des dizaines de personnes accostent chaque semaine.

Depuis le 1er octobre, 3.724 embarcations ont été ainsi interceptées, soit environ la moitié des embarcations arraisonnées entre octobre 2021 et octobre 2022. Sans parler de celles qui disparaissent en mer. En avril, un bateau avec 14 personnes à bord s’est renversé, seulement cinq de ses occupants réussissant à rejoindre les côtes cubaines à la nage.