Etats-Unis : La Cour suprême maintient une mesure bloquant les migrants à la frontière

droit d'asile La Maison Blanche a appelé à une réforme de l’immigration, mais les espoirs sont minces avec des républicains qui vont être majoritaires à la Chambre

20 Minutes avec AFP
Des migrants ayant franchi le Rio Grande pour demander asile à El Paso, au Texas, le 23 décembre  2022.
Des migrants ayant franchi le Rio Grande pour demander asile à El Paso, au Texas, le 23 décembre 2022. — USA Today Network/Sipa USA/SIPA

La Cour suprême des Etats-Unis a annoncé mardi le maintien d'une mesure prise pendant la pandémie de Covid-19 permettant d'expulser les migrants à la frontière. La levée de cette politique, baptisée «Title 42», était contestée par 19 Etats américains, qui craignaient un afflux de migrants à la frontière avec le Mexique. Après cette décision, la Maison Blanche a appelé à une «réforme en profondeur» de la politique migratoire américaine.

«Afin de réparer notre système migratoire défaillant, le Congrès doit adopter une réforme en profondeur de l'immigration», a exhorté la porte-parole du président Joe Biden, Karine Jean-Pierre.

En mars 2020, le gouvernement de l'ex-président Donald Trump avait activé ce dispositif sanitaire pour pouvoir expulser sans délai les migrants dépourvus de titre de séjour interpellés aux frontières terrestres, y compris les demandeurs d'asile potentiels.

Possible violation des lois internationales sur le droit d’asile

Cette mesure d’expulsion est immédiate, ne permet pas de recours légal et ne prévoit pas de retour automatique dans le pays d’origine. De rares exceptions sont prévues, pour certaines nationalités comme les Ukrainiens depuis l’invasion de leur pays par la Russie, ou pour les mineurs non accompagnés.

Les militants des droits humains et les experts considèrent qu’il s’agit d’une violation des lois internationales. Ils estiment notamment « inhumain » d’empêcher un demandeur d’asile potentiel de formuler sa requête en ce sens.

Pour eux, le dispositif actuel ne fait qu’encourager les migrants à franchir clandestinement la frontière et à prendre des risques toujours croissants pour y parvenir en traversant des déserts hostiles ou des fleuves propices à la noyade. « Title 42 » a fait l’objet de plusieurs batailles judiciaires distinctes. Une juridiction de première instance, puis une autre d’appel, s’étaient prononcées pour son abrogation.

Décision sur le fond en 2023

En mars 2020, le gouvernement de l’ex-président Donald Trump avait activé ce dispositif sanitaire pour pouvoir expulser sans délai les migrants dépourvus de titre de séjour interpellés aux frontières terrestres, y compris les demandeurs d’asile potentiels.qui craignaient un afflux de migrants à la frontière avec le Mexique. Après cette décision, la Maison Blanche a appelé à une « réforme en profondeur » de la politique migratoire américaine.

En prévision de cette potentielle levée, plusieurs communes à la frontière Sud des Etats-Unis avaient commencé à installer des clôtures et des grillages. De nombreux migrants patientaient ces dernières semaines autour de la frontière, dans l’espoir de pouvoir déposer une demande d’asile aux Etats-Unis.

La mesure restera finalement en place jusqu’à ce que la Cour suprême tranche sur le fond de ce dossier. Elle entendra en février 2023 les arguments des deux parties et rendra sa décision au printemps prochain.

Cela donne à l’administration Biden quelques mois supplémentaires pour se préparer à un potentiel afflux de migrants. Le président démocrate peine pour le moment à mettre en place une stratégie durable pour gérer les arrivées à la frontière avec le Mexique, longue de 3.000 kilomètres.

200.000 arrestations en novembre

Les arrivées clandestines à la frontière des Etats-Unis avec le Mexique battent actuellement des records historiques, avec plus de 200.000 arrestations rien que pour le mois de novembre. L’immigration est un sujet politique explosif aux Etats-Unis. L’opposition républicaine attaque sans relâche Joe Biden, accusé d’avoir transformé la frontière en passoire.

La décision de la Cour suprême a d’ailleurs immédiatement été applaudie par le camp républicain. « Elle permettra d’éviter aux populations vivant à la frontière de sombrer dans le chaos le plus total », a salué l’élu texan Tony Gonzales.

Pendant sa campagne électorale, Joe Biden avait promis une large réforme du système migratoire mais tous ses projets de loi sont enlisés au Congrès.