Allemagne : Une ex-secrétaire d’un camp nazi condamnée à deux ans de prison avec sursis

Seconde Guerre mondiale Durant son procès, sa défense a voulu justifier qu’elle n’avait pas connaissance des meurtres pratiqués de façon systématique. L’argument a été balayé par les juges

20 Minutes avec AFP
— 
Irmgard F, ancienne secrétaire du commandant SS du camp de concentration de Stutthof à son procès au tribunal d'Itzehoe, dans le nord de l'Allemagne.
Irmgard F, ancienne secrétaire du commandant SS du camp de concentration de Stutthof à son procès au tribunal d'Itzehoe, dans le nord de l'Allemagne. — Christian Charisius /AFP / Pool

Durant la Seconde Guerre mondiale, alors âgé de 18 ans, Irmgard Furchner était la dactylographe et secrétaire du commandant du camp de concentration nazi de Stutthof Paul Werner Hoppe. Mardi, à l’âge de 97 ans, cette ex-secrétaire a été reconnue coupable de « complicité de meurtres » pour plus de 10.000 cas dans ce camp situé dans l’actuelle Pologne.

La femme a été condamnée à deux ans de prison avec sursis, conformément aux réquisitions du parquet, qui avait souligné la « signification historique exceptionnelle » de ce procès, avec un jugement avant tout « symbolique », envoyant un « signal important » aux derniers survivants des crimes alors commis. La nonagénaire était jugée depuis septembre 2021 devant la Cour d’Itzehoe, dans le nord de l’Allemagne.

Rien d'« une jeune secrétaire naïve »

Coiffée d’un béret blanc, la femme était présente à la lecture du verdict, qu’elle a écoutée assise dans sa chaise roulante. Elle ne s’était pas exprimée devant ce tribunal, sauf pendant l’une des toutes dernières audiences, en décembre : « Je suis désolée pour tout ce qui s’est passé. Je regrette d’avoir été à Stutthof à ce moment-là. »

Durant son procès, sa défense a voulu justifier qu’elle n’avait pas connaissance des meurtres pratiqués de façon systématique à Stutthof. L’argument a été balayé par les juges. Réfutant l’idée selon laquelle elle avait été, comme elle le prétendait, « une jeune secrétaire naïve », la Cour a estimé que « rien » n’avait été « caché à l’accusée ».



La nonagénaire « avait une relation de confiance » avec le commandant, poursuit le verdict. Tapant les courriers de ce dernier, Irmgard Furchner avait accès aux « informations confidentielles ». Le soutien de la secrétaire à la machine nazie « consistait à mettre par écrit les ordres du commandant », a expliqué le juge Gross.

A Stutthof, un camp proche de Gdansk (Dantzig à l’époque) où périrent environ 65.000 personnes ; des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques y ont été systématiquement assassinés.