Royaume-Uni : Infirmières, employés du train, police aux frontières... C'est quoi ces grèves en série ?

« l'actu en 5Q » Jusqu’à 100.000 infirmières des hôpitaux publics se sont jointes au mouvement social d’ampleur au Royaume-Uni pour réclamer des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail

C.M. avec AFP
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Royaume-Uni: Un mouvement de grèves inédit — 20 Minutes
  • A l’approche des fêtes de fin d’année, les appels à la grève se sont multipliés au Royaume-Uni dans de nombreux secteurs pour demander des augmentations. D’ici au 31 décembre, aucune journée ne sera épargnée par les grèves.
  • C’est un mouvement inédit qui traduit l’ampleur du mécontentement dans le pays, d’autant que les infirmières britanniques se sont mises en grève jeudi pour réclamer des augmentations face à l’envolée des prix et la crise du système de santé public. Jusqu’à 100.000 infirmières participent à cette grève, la première dans les 106 ans d’histoire de leur syndicat.
  • Tous les jeudis, 20 Minutes vous explique un événement phare de la semaine dans « l’actu en 5 Q ». Ce jeudi, Charlotte Murat revient sur le spectre d’un nouvel « hiver du mécontentement » au Royaume-Uni

Elles se joignent au mouvement social inédit qui traduit l’ampleur du mécontentement au Royaume-Uni. Jusqu’à 100.000 infirmières britanniques se sont mises en grève ce jeudi pour réclamer des augmentations de salaire face à l’envolée des prix et à la crise du système de santé public. C’est la première grève depuis la création de leur syndicat, le Royal College of nursing (RCN), il y a 106 ans. Le mouvement concerne l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord. Il intervient dans une période de tensions sociales rares à l’approche de Noël. Des cheminots à la police aux frontières, de nombreuses catégories professionnelles seront en grève en cette fin d’année, bousculant les projets de certains Britanniques.

« Il est temps de payer un salaire juste au personnel soignant », « Les pénuries de personnels coûtent des vies », affirmaient jeudi des pancartes de grévistes rassemblés devant l’hôpital Saint-Thomas de Londres.


Rattraper des années de disette

Les infirmières demandent une augmentation des salaires représentant un peu plus de 19 % pour rattraper des années de disette qui se sont traduites, pour le RCN, par une baisse de leur pouvoir d’achat de 20 % depuis 2010 et l’arrivée des conservateurs au pouvoir. Une demande jugée « inabordable » par le gouvernement. Dans un Royaume-Uni en pleine crise du coût de la vie, avec une inflation à 11 %, les représentantes des infirmières affirment que leurs membres sautent des repas, peinent à nourrir et habiller leurs familles et finissent par quitter en masse le NHS.

Les grévistes se plaignent également d’une charge de travail de plus en plus lourde en raison notamment de la pénurie de soignants. « J’ai fait beaucoup de recrutements. (…) Ce que je remarque au fil des ans, c’est qu’il est plus difficile de recruter des infirmières. Alors qu’avant, quinze personnes postulaient pour un poste, aujourd’hui je dois parfois publier une annonce plusieurs fois avant de trouver quelqu’un », a dit à l’AFP Ian Henderson, infirmier en ophtalmologie.

Le gouvernement refuse de s’impliquer dans les négos

Le gouvernement conservateur, en difficulté dans les sondages, se montre implacable, promettant de légiférer pour réduire le pouvoir des syndicats et refusant de s’impliquer dans les négociations. Mais le mouvement des soignants constitue un défi car la sympathie de l’opinion est grande pour les employés du système de santé public gratuit, longtemps fierté nationale et lessivé par dix ans d’austérité puis la pandémie. « Nous sommes avec vous », titre jeudi le quotidien de gauche The Daily Mirror, faisant écho à une population britannique en majorité favorable au débrayage des infirmières, selon les sondages.

Lors de la séance hebdomadaire des questions au Parlement mercredi, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a qualifié « de marque de honte » la grève, appelant le Premier ministre Rishi Sunak à négocier pour que celle-ci soit annulée, ce qui permettrait à « tout le pays de souffler ». Ce à quoi Rishi Sunak a rétorqué que le gouvernement conservateur suivait les recommandations de l’organisme indépendant dans ses propositions d’augmentations, qualifiant les grèves de « cauchemar avant Noël » imputable au Labour en raison de ses liens avec les syndicats.