Pérou : L’Etat d’urgence décrété dans tout le pays, l’ex-président toujours en prison

CRISE Depuis la destitution de Pedro Castillo le 7 décembre, les manifestations violentes ont fait 7 morts et plus de 200 blessées

20 Minutes avec AFP
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Des partisans de l'ancien président Pedro Castillo manifestent pour demander de nouvelles élections, à Andahuaylas au Pérou le 14 décembre 2022.
Des partisans de l'ancien président Pedro Castillo manifestent pour demander de nouvelles élections, à Andahuaylas au Pérou le 14 décembre 2022. — Franklin Briceno/AP/SIPA

La crise ne s’essouffle pas au Pérou. L’état d’urgence a été déclaré mercredi dans tout le pays face aux violences qui ont fait sept morts depuis la destitution du président Pedro Castillo, maintenu en détention.

Les manifestations violentes qui sont allées crescendo depuis la destitution de Pedro Castillo le 7 décembre, ont également fait plus de 200 blessées. Outre la libération de l’ancien chef de l’Etat, les manifestants exigent la démission de la présidente Dina Boluarte, issue du même parti radical de gauche que son prédécesseur, et la dissolution du Parlement.

L’armée peut intervenir dans le maintien de l’ordre

« L’état d’urgence est décrété dans tout le pays pour trente jours (…) Il faut une réponse énergique avec autorité » face aux violences, a affirmé le ministre de la Défense Alberto Otarola, soulignant que la mesure comprend « la suspension de la liberté de circuler et de réunion » avec « possibilité de couvre-feu ». « La police avec le soutien des forces armées aura le contrôle de tout le territoire », a-t-il précisé, l’état d’urgence permettant notamment à l’armée d’intervenir dans le maintien de l’ordre.

Débordé par les manifestations qui se poursuivent, le pouvoir tente de sortir de la crise tout en soufflant le chaud et le froid. Parallèlement, Dina Boluarte, qui était la vice-présidente de Castillo jusqu’à sa tentative ratée de dissolution du Parlement, a en effet annoncé vouloir à nouveau avancer le calendrier électoral. Elle a ainsi affirmé que le gouvernement, le Parlement et l’organisme électoral faisaient des « ajustements » afin « d’avancer les élections à décembre 2023 », précisant qu' « avant cette date, ça ne marche pas légalement. Il faut que nous restions dans le cadre légal ».

La nouvelle présidente s’était déjà engagée dimanche à les avancer de 2026 à avril 2024, sans pour autant enrayer les protestations. Elle est elle-même concernée par la mesure : son mandat court théoriquement jusqu’en 2026, Pedro Castillo ayant été élu en 2021 pour cinq ans.

Des touristes bloqués au Machu Picchu

La mobilisation restait forte mercredi avec de nombreuses routes bloquées. La police avait mardi soir comptabilisé des rassemblements dans 14 des 24 régions. La partie sud du pays, notamment la zone touristique de Cuzco, et celle au nord restent les zones les plus touchées. Le train reliant Cuzco et la citadelle inca du Machu Picchu est d’ailleurs suspendu depuis mardi en raison des troubles. De nombreux touristes sont bloqués sur le site.

Pour le moment, l’ancien président reste en prison dans une caserne située à Até à l’est de Lima. Le juge qui devait statuer mercredi sur la demande de détention préventive de 18 mois déposée par le Parquet pendant la nuit, a accordé un délai à la défense pour qu’elle étudie les documents. Mais il a maintenu Pedro Castillo en détention pour 48 heures supplémentaires. La Cour suprême avait ordonné le 7 décembre sa détention provisoire pour sept jours. Il devait donc en théorie sortir mercredi.