Pérou : Deux morts dans les manifestations grandissantes contre la nouvelle présidente

CRISE POLITIQUE Dina Boluarte était vice-présidente du Pérou jusqu’à son investiture le 7 décembre après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement

20 Minutes avec AFP
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Des partisans de l'ancien président Pedro Castillo, lors d'une manifestation à Lima le 10 décembre 2022.
Des partisans de l'ancien président Pedro Castillo, lors d'une manifestation à Lima le 10 décembre 2022. — Martin Mejia/AP/SIPA

La crise politique tourne au tragique au Pérou. Deux personnes sont mortes et cinq au moins ont été blessées dimanche lors de manifestations grandissantes contre la présidente Dina Boluarte après l’arrestation de l’ancien président Pedro Castillo.

Signe de la tension qui monte : une séance au Congrès sur la situation dans le pays a été suspendue après des incidents. Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent un homme donner un coup de poing par-derrière à un autre dans une allée de l’hémicycle puis une bousculade au centre de celle-ci, sans qu’il soit possible de savoir la cause. La séance était toujours suspendue dimanche en début de soirée.

La présidente Dina Boluarte a annoncé dimanche qu’elle présenterait au Parlement un projet de loi visant à avancer les élections de 2026 à avril 2024. « J’ai décidé de prendre l’initiative d’un accord (…) pour avancer les élections générales à avril 2024 », a déclaré Boluarte dans un message télévisé à la nation.

Dina Boluarte lance un « appel au dialogue »

Les protestations se sont multipliées à travers le pays. Des milliers de personnes se sont ainsi mobilisées dans les rues de Cajamarca, Arequipa, Tacna, Andahuaylas, Cusco et Puno, réclamant la libération de l’ancien chef de l’Etat et de nouvelles élections.

« Nous regrettons la mort de deux personnes et plusieurs blessés dans des affrontements. J’exhorte la population à rester calme », a déclaré le ministre de l’Intérieur César Cervantes à la radio RPP. « La vie d’aucun Péruvien ne mérite d’être sacrifiée pour des intérêts politiques. Je réitère mon appel au dialogue et à la renonciation à la violence », a pour sa part lancé la présidente.

Samedi, des affrontements à Andahuaylas, la région d’origine de Dina Boluarte, s’étaient soldés par un bilan de 20 blessés (16 civils et 4 policiers). Les violences ont repris dimanche avec des tirs de gaz lacrymogène de la police et des jets de pierre de manifestants.

L’opposition compte sur une « grève indéfinie »

À Lima, entre 1.000 et 2.000 personnes ont manifesté devant le Congrès aux cris de « Castillo tu n’es pas seul, le peuple te soutient » et brandissant des pancartes accusant « Dina (Boluarte) et le Congrès » d’être des « rats corrompus ». Ils ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes dimanche en début de soirée. Lima a toutefois toujours tourné le dos à Pedro Castillo, enseignant rural et leader syndical déconnecté des élites, tandis qu’il était soutenu par les régions andines depuis les élections de 2021.

Des syndicats agraires et organisations sociales paysannes et indigènes ont en outre appelé dimanche à une « grève indéfinie » à partir de mardi, rejetant le Congrès et demandant des élections anticipées et une nouvelle constitution. Selon le Front agraire et rural du Pérou, qui demande la « libération immédiate » de Pedro Castillo, celui-ci « n’a pas perpétré de coup d’État » lorsqu’il a tenté le 7 décembre de dissoudre le Parlement et d’instaurer l’Etat d’urgence. Accusé de « rébellion », il a été arrêté quelques heures plus tard alors qu’il se rendait à l’ambassade du Mexique pour demander l’asile politique.

Dina Boluarte, vice-présidente jusqu’à son investiture le 7 décembre, a formé samedi un gouvernement au profil indépendant et technique, avec un ancien procureur, Pedro Angulo, comme Premier ministre.