Résultats midterms 2022 : Pourquoi la Floride « est un Etat de plus en plus républicain »

interview La Floride a largement penché du côté républicain lors des midterms mardi soir. Comment l’interpréter ? Eléments de réponses avec Mathieu Galard, directeur d’études à l’institut Ipsos

Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel
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Des supporters de Ron DeSantis.
Des supporters de Ron DeSantis. — Dave Decker
  • Les républicains ont remporté une franche victoire en Floride mardi soir lors des midterms.
  • L’Etat était pourtant réputé pour être un « swing state », susceptible de changer de camp selon les élections.
  • Comment expliquer ce virage à droite ? Explications avec Mathieu Galard, de l’Ifop.

Le sénateur Marco Rubio qui conserve son siège. Et surtout Ron DeSantis, possible rival de Trump en vue de 2024, reconduit comme gouverneur avec près de 20 points d’avance… À contre-courant de la résistance générale des démocrates, la Floride a largement penché du côté républicain, mardi soir, lors des midterms.

Pourtant considéré comme un « swing state », le « sunshine state » semble donc être devenu un bastion rouge. Comment l’expliquer ? Mathieu Galard, directeur d’études à l’institut Ipsos, nous apporte son éclairage.

Comment expliquer une telle victoire des républicains en Floride ?

Il faut comprendre que la Floride est très particulière sur le plan sociologique. C’est un Etat où l’âge moyen est beaucoup plus élevé que dans le reste des Etats-Unis, car beaucoup de retraités vont s’y installer. Or, le clivage générationnel est très fort aux Etats-Unis depuis quelques années.

Cela aide beaucoup les républicains, car non seulement les retraités votent pour eux, mais ils votent aussi beaucoup plus que les autres.

Et qu’en est-il du vote hispanique ?

Il y a une forte population hispanique en Floride. Généralement, elle tend à favoriser les démocrates. Pas autant que les Afro-Américains, mais tout de même aux deux tiers. Mais la particularité de la Floride est que cette population hispanique est, pour moitié, d’origine cubaine. Ils ont fui le régime de Castro et sont plutôt hostiles à toute forme de politique de gauche… Et vont donc être hostiles aux démocrates. D’autant plus que l’aile gauche des démocrates est montée ces derniers temps.

Tout cela fait que, sur le papier, la Floride est un « swing state ». Mais dans les faits, il s’agit d’un Etat de plus en plus rouge. Je pense d’ailleurs que, dans les années qui viennent, les démocrates vont arrêter d’y investir autant d’argent.

Faut-il voir dans cette victoire un effet Ron DeSantis, gouverneur républicain hyperconservateur triomphalement réélu ?

Le problème des républicains, ailleurs dans le pays, a souvent été de présenter des candidats portés par Donald Trump. Ils étaient sur sa ligne idéologique, son type de communication, mais n’avaient pas vraiment une image de compétence. Il s’agit souvent d’hommes d’affaires et de présentateurs télé sans expérience politique. Et ça, on sait que ça refroidit l’électorat le plus modéré, qui se décide au dernier moment.

Ron DeSantis, lui, est sur la même ligne idéologique que Donald Trump, mais il a su construire une image de relatif sérieux, de compétence, sur le Covid-19 et l’économie. Ce qui l’aide à conquérir les modérés de Floride.



L’économie, justement, a-t-elle joué un rôle ?

Il y a effectivement un aspect plus structurel : l’économie américaine ne va pas bien. Mais, dans la Sun Belt, qui comprend les Etats du sud-ouest des Etats-Unis, l’économie tend à aller un peu mieux qu’ailleurs. Et donc les gouverneurs qui ont une économie plus florissante ont davantage de marges de manœuvre budgétaires face à l’inflation, ce qui les avantage.