Midterms 2022 : Violence, risque de « chaos » et avantage aux républicains… Le journal des élections de mi-mandat (J-4)
BAROMETRE Retrouvez chaque vendredi le point hebdomadaire de « 20 Minutes » sur les élections de la mi-mandat du 8 novembre
- A quatre jours des élections de la mi-mandat, les républicains sont favoris pour reprendre la majorité à la Chambre.
- Au Sénat, c’est beaucoup plus serré, et cela devrait se jouer dans une poignée d’Etats, avec le spectre d’un possible second tour décisif en Géorgie en décembre.
- Le scrutin se déroule dans un climat tendu après l’attaque contre le mari de Nancy Pelosi et la surveillance d’urnes électorales par des citoyens armés.
De notre correspondant aux Etats-Unis,
L’Amérique vote dans quatre jours. Chambre, Sénat, gouverneurs, secrétaires d’Etat… Des centaines d’élections vont rebattre les cartes lors des midterms du 8 novembre. Et indirectement influencer l’avenir de Joe Biden et de Donald Trump en vue de la présidentielle de 2024. Vague « MAGA » ou surprise démocrate, retrouvez chaque vendredi le point de 20 Minutes sur un scrutin plus que jamais sous haute tension.
L’info de la semaine : L’agresseur du mari de Nancy Pelosi voulait prendre la Speaker en otage
La violente attaque contre le mari de Nancy Pelosi a dominé l’actualité du début de semaine. Le suspect, David DePape, un ex-activiste naturiste tombé dans le complotisme d’extrême droite, est venu armé d’un marteau et avec des menottes souples. Lors de son interrogatoire, il a indiqué qu’il avait l’intention de prendre Nancy Pelosi en otage, afin de l’interroger pour qu’elle confesse les « mensonges » démocrates. Il envisageait de lui « briser les rotules » pour qu’elle se retrouve en fauteuil roulant, afin d’envoyer un message aux élus.
Si la patronne du comité national républicain, Ronna McDaniels, a dénoncé l’attaque, Donald Trump et la plupart des personnalités conservatrices ont gardé le silence. Ou ont contribué à propager des théories du complot farfelues démenties par la police : non, le suspect n’était pas l’amant de Paul Pelosi, non, ils ne se connaissaient pas, et oui, DePape est bien rentré par effraction. La police du Capitole a, elle, indiqué qu’elle avait accès aux caméras de vidéosurveillance de la résidence du couple, mais qu’aucun agent n’était devant les écrans de contrôle au moment de l’attaque, car la cheffe des démocrates se trouvait à Washington. Opéré d’une fracture du crâne, Paul Pelosi est sorti de l’hôpital jeudi.
La phrase de la semaine : « Les candidats qui refusent de s’engager à accepter les résultats risquent de mener l’Amérique vers le chaos », avertit Joe Biden
Le président américain a livré un nouveau plaidoyer pour la démocratie, jeudi, deux mois après son discours de Philadelphie. Il s’en est pris aux quelque 300 candidats républicains – plus de la moitié – qui continuent de remettre en cause les résultats de la présidentielle de 2020 ou refusent de s’engager à respecter le verdict des urnes le 8 novembre. L’un des plus extrêmes est Mark Finchem, membre de la milice Oath Keepers, qui pourrait devenir le prochain secrétaire d’Etat de l’Arizona, en charge de l’organisation et de la vérification de la présidentielle de 2024.
La polémique de la semaine : Des observateurs citoyens armés en Arizona
Des observateurs armés, d’autres en tenue de camouflage. En Arizona, le groupe Clean Election USA, qui revendique 1.500 volontaires, a fait parler de lui en venant surveiller les boîtes aux lettres qui permettent aux électeurs de venir déposer leur bulletin de vote en avance. Le département de la Justice a dénoncé une tentative « d’intimidation », et un juge fédéral a imposé des restrictions à ces observateurs citoyens. Qui n’ont pas le droit de porter une arme à moins de 80 mètres d’une « ballot box », de parler aux électeurs à proximité, de les filmer ou de les prendre en photo.
Clean Election USA s’inspire du documentaire complotiste 2000 Mules de Dinesh D’Souza, selon lequel ces boîtes auraient été bourrées avec des bulletins frauduleux en 2020, coûtant la présidentielle à Donald Trump. Des affirmations qualifiées de « conneries » par le ministre de la justice de l’époque, Bill Barr.
Le chiffre de la semaine : 47,1- 46,6 %, la Géorgie pourrait tout décider en décembre au Sénat
Pour le siège de sénateur en Géorgie, le républicain Herschel Walker et le démocrate sortant Raphael Warnock sont au coude à coude, à 47,1 % contre 46,6 % des intentions de vote, selon la moyenne de RealClearPolitics. Si aucun des deux n’atteint 50 %, avec un libertarien en arbitre, un second tour, le 6 décembre, pourrait faire basculer le Sénat comme en janvier 2021.
Le momentum : Avantage républicains, le Sénat reste incertain
Dans cette dernière ligne droite, les républicains continuent de faire la course en tête, boostés par l’inflation et l’impopularité de Joe Biden. Leur victoire à la Chambre ne fait presque plus aucun doute, avec une fourchette comprise entre 225 et 253 sièges (majorité à 218), selon la projection du site FiveThirtyEight.
Le Sénat, en revanche, reste incertain. Les républicains, qui ont le vent en poupe dans plusieurs scrutins serrés, pourraient obtenir une majorité d’un siège s’ils remportent deux scrutins sur trois en Géorgie, au Nevada et en Pennsylvanie. Voire davantage s’ils créent la surprise dans les Etats qui restent dans la marge d’erreur (Arizona, New Hampshire) et évitent les déconvenues là où ils sont favoris (Ohio, Wisconsin, Caroline du Nord). Attention quand même : en 2020, les sondages avaient sous-estimé la performance des républicains d’environ cinq points. On pourrait donc assister à une vague rouge si cela se répète. Ou à une surprise démocrate en cas d’erreur dans l’autre sens, comme en 1998 ou en 2012.