Royaume-Uni : Le nouveau ministre des Finances annule « presque toutes » les mesures budgétaires de Liz Truss

Revers Jeremy Hunt a martelé lors d’une déclaration télévisée que la priorité du gouvernement était désormais de restaurer « la stabilité »

M.P. avec AFP
— 
Le fraîchement nommé ministre des Finances Jeremy Hunt quitte le 10 Downing Street, le 14 octobre 2022.
Le fraîchement nommé ministre des Finances Jeremy Hunt quitte le 10 Downing Street, le 14 octobre 2022. — CHINE NOUVELLE/SIPA

Un désaveu humiliant pour la Première ministre Liz Truss, dont les jours à Downing Street semblent comptés. Le nouveau ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a annoncé ce lundi annuler « presque toutes » les baisses d’impôts dévoilées le mois dernier.

Le nouveau Chancelier de l’Echiquier, qui s’exprimera au Parlement plus tard ce lundi, a avancé la présentation de grandes lignes du projet budgétaire de moyen terme britannique qui doit être présenté dans sa totalité le 31 octobre, tentant de calmer les marchés. Ces derniers sont plongés dans la tourmente depuis la présentation, fin septembre, de projets de baisses d’impôts massives et d’un soutien colossal aux factures énergétiques. Non pleinement chiffrés et devant être financés par emprunt, ils avaient fait craindre une sortie de route des finances publiques.

« D’autres décisions difficiles » sont à venir

Le Fonds monétaire international (FMI) avait enjoint Downing Street de rectifier le tir et de travailler de concert avec la banque centrale, qui lutte contre une inflation à près de 10 % et se retrouvait à contre-courant du plan économique de Liz Truss, inflationniste sur la durée. Nommé vendredi dans l’urgence après que le « plan de croissance » de son prédécesseur Kwasi Kwarteng a plongé les marchés britanniques dans la tourmente, Jeremy Hunt a donc martelé ce lundi lors d’une déclaration télévisée que la priorité du gouvernement était désormais de restaurer « la stabilité ». Quitte à limiter dans la durée les aides aux ménages face à la dramatique envolée des prix de l’énergie.

« Aucun gouvernement ne peut contrôler les marchés. Tous les gouvernements peuvent donner des gages de soutenabilité des finances publiques », a souligné le ministre. « D’autres décisions difficiles » sont à venir pour les dépenses gouvernementales comme les impôts, a-t-il encore prévenu.

Parmi les annonces de lundi, « la plus grosse dépense », le plafond des factures énergétiques pour tous les ménages, « mesure phare pour aider des millions de personnes à traverser un hiver difficile », sera finalement en vigueur jusqu’à avril seulement et non plus pour deux ans. Au-delà, le Trésor va réfléchir à une nouvelle approche qui « coûtera nettement moins cher au contribuable tout en assurant de l’aide pour les plus nécessiteux ».

Détente des marchés

Dans la longue liste de baisses d’impôts qui partent à la poubelle, Jeremy Hunt a énuméré le projet de centres d’achats sans taxes (duty-free) pour les non-résidents, l’abaissement du taux d’imposition pour les dividendes, celui du taux d’impôt sur le revenu pour la première tranche de revenus à 19 % à partir d’avril 2023. Sont toutefois maintenues la baisse de la taxe sur les transactions immobilières et l’annulation d’un prélèvement destiné au financement des services de santé.



Deux revirements notables avaient déjà été annoncés : une baisse du taux d’imposition pour les revenus des plus aisés a été annulée et une hausse de l’impôt sur les sociétés qui avait été prévue sous Boris Johnson aura finalement lieu.

L’ensemble de ces mesures fiscales « permettront de lever environ 32 milliards de livres par an », a précisé Jeremy Hunt. Les investisseurs ont réagi positivement à ces déclarations : la devise britannique progressait de 1 % à 1,1285 dollar vers 10h45 GMT et le rendement des obligations à 30 ans chutait à 4,40 %.