Arabie saoudite : Après le camouflet sur le pétrole, Joe Biden veut revoir sa relation avec Riyad
DIPLOMATIE Alors que Washington réclamait une offre abondante, l’Opep + a récemment décidé de réduire sa production de pétrole
Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, les relations entre Washington et Riyad sont embarquées dans des montagnes russes. Le président américain voulait d’abord faire de l’Arabie saoudite un « paria », puis a tenté un rapprochement en juillet… Désormais, échaudé par les décisions de Riyad sur le pétrole, il a choisi de nettement hausser le ton contre le royaume.
« Il y aura des conséquences pour ce qu’ils ont fait, avec la Russie », a menacé mardi Joe Biden lors d’une interview sur CNN, sans préciser de quelle nature elles seraient. Le président faisait ainsi référence à la récente décision de l’Opep +, cartel du pétrole emmené par l’Arabie saoudite, de sabrer ses quotas de production, ce qui pourrait faire flamber les cours et donc garnir les caisses de la Russie, qui compte sur ses ventes d’hydrocarbures pour financer la guerre en Ukraine.
Biden à Riyad en juillet dernier
L’Opep +, qui comprend les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs dix partenaires conduits par la Russie, a infligé un camouflet diplomatique à Joe Biden, qui réclamait au contraire une offre abondante. Le président américain s’était même déplacé en Arabie saoudite en juillet pour rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), après avoir pourtant juré, pendant sa campagne, de faire du royaume un « paria » à la suite du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Faiçal ben Farhane a pour sa part expliqué mardi sur la chaîne Al-Arabiya que la baisse de production représentait une démarche « purement économique prise à l’unanimité des pays membres » de l’organisation, visant à « maintenir un marché du pétrole durable ». Selon lui, « les membres de l’Opep + ont agi de manière responsable et ont pris la décision appropriée ».
Un salut qui ne passe pas
La décision du cartel a suscité une vague d’indignation parmi les membres du Congrès américain et en particulier parmi les parlementaires du parti démocrate. Le puissant chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat Bob Menendez a ainsi menacé lundi de bloquer toute future vente d’armes à l’Arabie saoudite. Le sénateur démocrate Richard Blumenthal et l’élu à la Chambre des représentants Ro Khanna l’ont pris au mot en présentant mardi un projet de législation pour mettre fin à ces exportations.
Joe Biden se retrouve donc en difficulté sur ce dossier. L’image d’un salut familier poing contre poing échangé avec MBS n’en a pas fini de se retourner contre lui. Depuis la décision de l’Opep +, la presse américaine regorge ainsi d’éditoriaux assassins sur l’échec de sa « diplomatie » vis-à-vis de Riyad.