Manifestations en Iran : Au moins 82 morts dans la répression à Zahedan, selon Amnesty International

Intention de tuer Les images de blessés par balle gisant dans la rue sont révélatrices de la politique de discrimination et de répression de Téhéran dans cette région

20 Minutes avec AFP
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Des manifestants se rassemblent à Trafalgar Square en réponse aux manifestations massives en Iran qui ont fait de nombreux morts. Les troubles ont été déclenchés par la mort en garde à vue de Mahsa Amini, à Téhéran le 16 septembre. (Illustration).
Des manifestants se rassemblent à Trafalgar Square en réponse aux manifestations massives en Iran qui ont fait de nombreux morts. Les troubles ont été déclenchés par la mort en garde à vue de Mahsa Amini, à Téhéran le 16 septembre. (Illustration). — Story Picture Agency/Shutterstoc

La répression est toujours plus violente à mesure que la colère s’étend en Iran. Au moins 82 personnes ont été tuées depuis vendredi dans les manifestations qui ont éclaté à Zahedan, ville de la province du Sistan-Baloutchistan dans le sud-est de l’Iran, a affirmé jeudi l’ONG Amnesty International. « Les forces de sécurité iraniennes ont illégalement tué au moins 66 personnes, dont des enfants, et blessé des centaines d’autres après avoir ouvert le feu » sur des manifestants, des passants et des fidèles, a fait savoir l’organisation, précisant que « depuis, seize autres personnes ont été tuées dans des incidents séparés à Zahedan dans le cadre de la répression continue de ces manifestations ».

En outre, « les éléments recueillis auprès de militants, de familles des victimes, de témoins oculaires et les images et vidéos des manifestations suggèrent que le nombre réel de morts à Zahedan est susceptible d’être plus élevé », poursuit l’ONG, qui ajoute qu' « au moins trois enfants » sont morts depuis le 30 septembre. « La majorité des victimes ont reçu des balles dans la tête, le cœur, le cou et le torse, révélant une intention claire de tuer ou de blesser gravement », insiste Amnesty International sur la base des éléments qu’elle a collectés.

« Incident terroriste » pour les autorités

Les médias proches du pouvoir iranien ont pour leur part décrit les affrontements de Zahedan, ayant commencé le 30 septembre après la prière du vendredi, comme un « incident terroriste » dirigé contre un poste de police et ayant conduit à la mort de cinq membres des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique.

Mais au cours du « vendredi sanglant de Zahedan », les forces de sécurité ont « réprimé dans le sang » une manifestation qui avait éclaté après la fin de la prière, affirment plusieurs ONG, selon qui les images de blessés par balle gisant dans la rue à même le sol après des heurts avec les forces de sécurité sont révélatrices de la politique de discrimination et de répression de Téhéran dans cette région.

L’ONG Baluch Activists Campaign (BAC) a affirmé pour sa part sur la messagerie Telegram avoir eu confirmation que 88 personnes étaient décédées. Selon l’organisation, le nombre de morts s’est aggravé en raison d’une pénurie de sang, de bandages et autres fournitures médicales, ce qui signifie que beaucoup de blessés sont morts de leurs blessures et que le bilan pourrait encore s’alourdir.

« Beaucoup de gens ne sont pas allés à l’hôpital de peur d’y être arrêtés par des fonctionnaires. Ils ont préféré se soigner à domicile mais ont ensuite perdu beaucoup de sang », a souligné Abdollah Aref, directeur de l’ONG. Selon lui, la situation à Zahedan est désormais revenue au calme, bien que de nouvelles manifestations soient possibles après la prière de ce vendredi. De nombreuses personnes ont toutefois été arrêtées lors d’opérations de répression visant les individus ayant pris part aux manifestations, a-t-il ajouté, tout en précisant que le nombre exact de ces arrestations n’est pas encore tiré au clair.

L’Iran est secoué depuis plus de deux semaines par une vague de manifestations dans tout le pays après la mort de Mahsa Amini, une Iranienne kurde de 22 ans, décédée trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique, qui oblige notamment les femmes à porter le voile dans l’espace public.