Pourquoi le Niger est-il aussi instable?
DECRYPTAGE Ce pays d'Afrique de l'Ouest détient l'une des principales ressources d’uranium...
Le coup d’Etat qui a renversé le président nigérien Mamadou Tandja jeudi était prévisible, mais ses conséquences pourraient avoir un effet sur les intérêts internationaux.
Le coup d’état est-il une surprise?
Pas vraiment. Selon Philippe Hugon, directeur de recherches à l’Iris et auteur de Géopolitique de l’Afrique «il y avait des risques de coup d’état au Niger pour deux raisons.» La première, c’est la «tradition», le Niger a en effet connu quatre autres prises de pouvoir par la violence, la dernière datant de 1999. La seconde tient à la personne de Mamadou Tandja, le président renversé. «Il avait perdu beaucoup de légitimité, notamment en modifiant la constitution pour rester au pouvoir», explique Philippe Hugon.
Quelles sont les causes d’instabilité dans le pays?
Outre la faible légitimité de Tandja, critiqué par la Cédéao (communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest) et la communauté internationale, le nord connaît une instabilité due au mouvement touareg, qui revendique son autonomie, ainsi qu’à la présence de membres de la nébuleuse al-Qaïda.
Que peut-on attendre pour les jours à venir?
C’est un peu tôt pour le dire. «Il faut savoir si le coup d’état est fait pour restaurer la démocratie ou si c’est pour mettre d’autres militaires au pouvoir», prévient le chercheur.
Pourquoi ce pays est-il stratégiquement important?
Si le Niger est un pays qui connaît beaucoup de pauvreté, «sa richesse vient des minéraux», explique Philippe Hugon. Notamment de la présence d’uranium dans les sous-sols, très convoités par des entreprises comme Areva, qui y extrait près de la moitié de son métal. Le groupe nucléaire français, présent y emploie 2.500 personnes.
Areva pourrait-elle se retirer du pays?
«Non, il n’y aura pas de retrait, l’enjeu est beaucoup trop stratégique», estime Philippe Hugon, «même si ce que cherchent les compagnies comme Areva, c’est la stabilité et le respect des contrats».