La Suède est toujours dans l’attente d’un vainqueur, avec droite et extrême droite aux portes du pouvoir

ELECTION La Suède se dirige vers une victoire d’un souffle de la droite alliée avec l’extrême droite après des élections ultraserrées dimanche, mais le résultat final ne devrait pas être confirmé avant au moins trois jours

L.F. avec AFP
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La candidate Magdalena Andersson
La candidate Magdalena Andersson — Jeppe Gustafsson/Shutterstock/SIPA

Les résultats ont commencé à tomber en Suède. Ce dimanche ont eu lieu des législatives d’une très grande importance pour le pays, notamment face au niveau record du parti nationaliste. Le pays entame lundi une attente de trois jours pour désigner le camp vainqueur de ses élections archiserrées, avec la droite et l’extrême droite en position de conquérir ensemble le pouvoir. Au terme d’une soirée de résultats rocambolesque, l’autorité électorale du pays scandinave a prévenu que le verdict final du scrutin devrait attendre mercredi, tant les scores sont serrés.

Selon les résultats partiels portant sur près de 95 % des bureaux de vote, le bloc mené par le leader du parti conservateur des Modérés Ulf Kristersson emporterait une majorité absolue de 175 à 176 sièges, contre 173 à 174 sièges pour le bloc de gauche de la Première ministre sortante sociale-démocrate Magdalena Andersson. Si ces scores se confirmaient, la gauche quitterait le pouvoir après huit ans aux manettes.

Le parti anti-immigration grand vainqueur

Le grand vainqueur de la soirée est le parti nationaliste anti-immigration des Démocrates de Suède (SD) dirigé par Jimmie Akesson. Avec un score provisoire de 20,7 %, il signe un nouveau record et devient le premier parti des droites mais aussi le deuxième parti de Suède. « Ça sent bigrement bon », a lancé le chef de parti de 43 ans devant ses troupes en fusion à son QG de campagne, célébrés par des chants de « Jimmie, lalalalala ».

Alors que les sondages sortis des urnes et les premiers résultats préliminaires suggéraient une victoire de justesse de la gauche en début de soirée, les droites sont passées devant au fur et à mesure des dépouillements et semblent désormais en passe de l’emporter.

Sur la base des voix dépouillées jusqu’au milieu de la nuit, le bloc de droite (SD, Modérés, chrétiens-démocrates et libéraux) obtiendrait 49,8 % des suffrages. Le bloc de gauche (sociaux-démocrates, parti de Gauche, Verts et parti du Centre) réunirait 48,8 %. Soit environ 60.000 voix seulement de retard, pour un corps électoral de 7,8 millions de personnes.

Pas de résultat avant trois jours

« La démocratie suédoise doit suivre son cours, tous les votes doivent être comptés et nous attendrons le résultat », a affirmé la dirigeante sortante de 55 ans, qui espérait assurer un troisième mandat à la gauche dimanche soir. Ces élections marquent un tournant majeur : jamais jusqu’à ces législatives la droite traditionnelle suédoise n’avait envisagé de gouverner avec l’appui direct ou indirect des SD.

Longtemps paria, le parti nationaliste et anti-immigration se retrouve aujourd’hui en position de force. « Cela en dit long sur le chemin parcouru, sur le petit parti dont tout le monde se moquait (…) aujourd’hui nous sommes le deuxième parti de Suède », a lancé M. Akesson devant ses partisans surchauffés. « Notre ambition est d’être au gouvernement », a-t-il réaffirmé, même s’il est plus probable que le parti se contente d’un rôle d’appui de la nouvelle majorité au Parlement.

Entrés à la chambre pour la première fois en 2010, avec 5,7 % des voix, les SD n’ont cessé de progresser depuis et dépassent désormais les 40 % dans certaines communes, notamment dans le sud du pays. Immigration importante et règlements de compte meurtriers entre bandes criminelles dans les banlieues suédoises ont nourri le parti d’extrême droite ces dernières années. Ces thèmes, ainsi que la flambée des prix des carburants et de l’électricité, ont dominé la campagne.

Parmi ses grands dossiers internationaux, le prochain gouvernement suédois doit notamment finaliser la candidature historique du pays à l’Otan, menacée d’un veto turc. Et prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier. Un casse-tête de plus ? S’ils ont renoncé à demander la sortie de la Suède de l’UE, les SD n’en restent pas moins farouchement eurosceptiques.