Twitter :Un ancien employé aux Etats-Unis jugé coupable d'espionnage pour l'Arabie saoudite

PROCES Selon le jury d’un tribunal de San Francisco, l’homme a bien vendu des informations personnelles sur des utilisateurs anonymes de Twitter à l’Arabie saoudite

20 Minutes avec agences
Le siège de Twitter à San Francisco, le 8 décembre 2019.
Le siège de Twitter à San Francisco, le 8 décembre 2019. — Yichuan Cao/Sipa USA/SIPA

Il risque entre 10 et 20 ans de prison pour avoir agi pour le compte d’un gouvernement étranger et pour blanchiment d’argent, fraude et falsification de documents. Ahmad Abouammo, un ancien employé de Twitter aux Etats-Unis, a été jugé coupable d’avoir espionné des usagers du réseau social pour le compte de l’Arabie saoudite, qui cherchait à connaître l’identité de personnes critiques du régime et de la famille royale.

Le jury d’un tribunal de San Francisco a condamné l’homme, qui avait vendu des informations personnelles sur des utilisateurs anonymes à Riad, en échange de dizaines de milliers de dollars. Sa peine sera prononcée à une date ultérieure.

Un autre ex-employé accusé

« Les preuves ont montré que, pour de l’argent et alors qu’il pensait faire ça à l’abri des regards, le prévenu a vendu son poste [d’employé de Twitter] à un proche » de la famille royale saoudienne, a déclaré le procureur fédéral Colin Sampson au jury la semaine dernière, après deux semaines de procès.

Ahmad Abouammo a été arrêté à Seattle en novembre 2019. Le parquet lui reproche, ainsi qu’à un autre ex-employé de Twitter, un Saoudien nommé Ali Alzabarah, d’avoir été approché par Riad fin 2014-début 2015 afin de transmettre des données d’utilisateurs accessibles uniquement en interne (adresse email, numéro de téléphone, date de naissance, etc.). Ahmad Abouammo a quitté Twitter en 2015. Ali Alzabarah, lui, est parti des Etats-Unis.

100.000 dollars et une montre de luxe

Angela Chuang, l’avocate d’Ahmad Abouammo, a reconnu qu’une opération saoudienne aurait pu, il y a sept ans, avoir été montée dans le but d’obtenir des informations sur des opposants auprès d’employés de Twitter. Mais selon elle, son client a été jugé en lieu et place d’Ali Alzabarah. « C’est évident que les accusés que cherchait le gouvernement ne sont pas là », a-t-elle déclaré. De son côté, Twitter accuse son ancien employé de n’avoir pas respecté les règles de l’entreprise en ne déclarant pas à sa hiérarchie avoir reçu 100.000 dollars et une montre d’une valeur de plus de 40.000 dollars de la part d’un proche de la monarchie saoudienne.

Le verdict intervient après les critiques adressées par les défenseurs des droits humains à Joe Biden et Emmanuel Macron pour leur politique diplomatique à l’égard du prince héritier Mohammed ben Salmane, écarté de la scène internationale après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite en Turquie en 2018. De nombreuses ONG accusent régulièrement le dirigeant, surnommé « MBS », et son régime d’espionner, enlever et torturer des dissidents, ce que Riad dément.