Equateur : Un mort lors de violentes manifestations contre la hausse des prix des carburants
REVOLTE Depuis le 13 juin des milliers d’indigènes sont mobilisés. Le président a décrété l’état d’urgence dans 6 des 24 provinces du pays
La révolte gronde en Equateur. Elle a même tourné au tragique mardi. Au neuvième jour de mobilisation contre la hausse des prix du carburant, des milliers d’indigènes ont manifesté et affronté la police, dont l’un a trouvé la mort.
C’est dans le nord de Quito qu’ont eu lieu des heurts parmi les plus violents avec les forces de l’ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes, de canon à eau, de véhicules motorisés et de policiers à cheval. Mais c’est dans la localité de Puyo, au sud de la capitale, qu’un indigène quechua a trouvé la mort mardi. « Il y a eu une confrontation et cette personne a été touchée au visage, apparemment par une bombe de gaz lacrymogène », a déclaré l’avocate Lina María Espinosa, de l’Alliance des organisations des droits humains.
L’emploi dans les revendications
La puissante Confédération des nationalités indigènes d’Equateur (Conaie), qui a participé aux révoltes ayant renversé trois présidents entre 1997 et 2005 et mené les violentes manifestations de 2019 (11 morts), organise depuis le 13 juin des marches et barricades pour exiger une baisse des prix du carburant. Des milliers d’indigènes ont entamé lundi une marche pacifique vers le centre de Quito depuis le sud. Plusieurs centaines sont également arrivés par le nord dans la capitale de trois millions d’habitants.
Outre le prix du carburant, les manifestants dénoncent le manque d’emplois, l’octroi de concessions minières dans les territoires autochtones, l’absence d’un contrôle des prix des produits agricoles et une renégociation des dettes des paysans auprès des banques.
Le Parlement exige le dialogue
Au Parlement, les députés ont approuvé lundi soir par 81 voix sur 137 votes une résolution exigeant une proposition gouvernementale de dialogue « sérieuse, claire et honnête » et réclamant une table ronde incluant l’ONU, la Croix-Rouge, les universités et l’Eglise catholique pour chercher des solutions à la crise. Les peuples indigènes rassemblent au moins un million des 17,7 millions d’Equatoriens.
« Nous avons tendu la main, nous avons appelé au dialogue, mais ils ne veulent pas la paix, ils cherchent le chaos, ils veulent chasser le président », a accusé lundi le président Guillermo Lasso avec une vidéo montrant des images de manifestants se livrant à des violences dans la rue. Plus tard, il a étendu l’état d’urgence de 3 à 6 des 24 provinces du pays. Soixante-trois policiers ont été blessés depuis le début des manifestations, selon un bilan officiel, tandis qu’une organisation locale de défense des droits humains a fait état de 79 arrestations et 55 civils blessés.
Depuis près d’un an, le prix d’un gallon de diesel a augmenté de 90 % (à 1,90 dollar) et celui de l’essence de 46 % (à 2,55 dollars). Les prix sont gelés depuis octobre, après les précédentes manifestations, mais la Conaie demande une baisse à respectivement 1,50 et 2,10 dollars. L’économie perd environ 50 millions de dollars par jour en raison des manifestations, selon des chiffres officiels.