Omar Bongo est mort: la France «perd un ami»
Annoncée dimanche soir sur le site du Point, la mort d' El Hadj Omar Bongo Ondimba, dit Omar Bongo, a été démentie quelques heures plus tard. Pour, finalement être confirmée lundi en fin d’après-midi par le Premier ministre gabonais Jean Eyeghe Ndong. Le décès du président gabonais est donc désormais officiel. dans la foulée, le ministère gabonais de la Défense a annoncé «la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes», dans un communiqué lu à la télévision publique RTG1.
«C'est à 14h30 que l'équipe médicale m'a informé, que le chef de l'Etat, Omar Bongo Ondimba, venait de rendre l'âme des suites d'un arrêt cardiaque», indique le message transmis par le Premier ministre gabonais aux journalistes, devant la clinique Quiron de Barcelone, en Espagne, où Omar Bongo était hospitalisé depuis le début du mois de mai, pour un cancer des intestins.
L'annonce lundi de la mort du président gabonais a provoqué une avalanche d'hommages au «sage» et à «l'ami», venus de personnalités politiques françaises, de nombreux dirigeants du continent africain ou encore du président américain Barack Obama. Quelques organisations militantes ont évoqué quant à elles un passé moins reluisant et des soupçons de corruption et de clientélisme.
Il a «servi les intérêts de la France» mais n'avait pas «le souci de ses citoyens»
La France «perd un ami», a réagi lundi le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, déplorant également «une perte pour l'Afrique». «Confiant dans la volonté du peuple gabonais d'assurer son avenir dans la stabilité et le respect de ses institutions démocratiques, je lui adresse tous mes voeux de paix et d'unité», ajoute le communiqué.
Un hommage largement pondéré par Eva Joly, qui a estimé que s'il «avait bien servi les intérêts de la France» notamment par «la manne pétrolière», Omar Bongo n'avait pas «le souci de ses citoyens». Le Gabon, a-t-elle dénoncé, «c'est un PIB égal au Portugal» qui «construit cinq kilomètres de routes par an» et qui a «le taux de mortalité infantile parmi les plus élevés au monde».
Obama attristé, trois jours de deuil au Tchad
Le président Obama s'est dit «attristé» par le décès du doyen des chefs d'Etat africains en soulignant son «rôle important dans le développement» des relations bilatérales et son «engagement à résoudre les conflits à travers le continent». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lui a également rendu hommage «pour le rôle clé qu'il a joué dans la recherche de la paix et de la stabilité» en Afrique.
Le président tchadien, Idriss Deby Itno, «profondément bouleversé» par le décès de son «grand ami», a décrété un deuil national de trois jours dans son pays. «C'est une perte immense pour le Gabon et l'Afrique entière. Nous venons de perdre un homme, un sage», a renchérit Alain Akouala Atipault, le porte-parole du gouvernement du Congo. Le président du Venezuela, Hugo Chavez, a également exprimé sa solidarité avec le peuple gabonais.
La présidente du Sénat assure la transition
Omar Bongo avait 73 ans. Au pouvoir depuis 1967, le doyen des chefs d'Etats africains quitte la scène alors que les accusations de détournement d'argent public à son encontre se multipliaient. Il laisse derrière lui un pays fragilisé. Jadis considéré comme un petit eldorado pétrolier, exportateur de matières premières et importateur de biens manufacturés, le Gabon est touché de plein fouet par la crise, victime d'une gestion sans diversification de l'économie et gangrené par la corruption.
La succession de ce dinosaure de la Françafrique s'annonce d'autant plus difficile que le président Bongo n'a jamais désigné de successeur pour prendre sa suite. Selon la Constitution gabonaise, le président du Sénat, qu’est Rose Francine Rogombé, doit assurer la transition jusqu'à un scrutin. Celui-ci doit être programmé au plus tard 45 jours après le constat de décès.
Les autorités gabonaises avaient jusque ce lundi après-midi soutenu qu’Omar Bongo avait été hospitalisé à Barcelone pour un simple «bilan de santé approfondi et des soins appropriés». Après l'annonce de son décès dimanche soir depuis la France, son Premier ministre avait indiqué que le Gabon allait protester officiellement auprès de Paris pour dénoncer les «dérives répétées de la presse française» sur l'état de santé du président gabonais.